Voilà cinq jours que l'aventure a débuté et il a l'impression que ça en fait le double tant il en a appris. Pourtant, il passe pas son temps à s'entrainer à poser ou à lire des bouquins de mode hein. Franchement, il ne prend pas cette compétition à la légère, loin de là, mais ils ont clairement le temps d'avoir du temps libre à côté, ou à juste rien faire. C'est ce qu'il faisait d'ailleurs là, sur la terrasse, rien faire. Il aime bien rien faire ici, parce qu'il peut profiter de la chaleur, de la vue et de la bonne senteur de Provence. Trois sens sur cinq, qui dit mieux ? « Hey Barbie, ça va ? » ft-il naturellement quand il vit la jeune femme arriver. C'était pour l'instant une simple connaissance, à voir si elle pouvait devenir plus (amicalement parlant hm). « dis, t'as toujours voulu être modèle toi ? Ou c'est juste une lubie ? » dans le genre : je suis belle, photogénique et jeune, pourquoi pas tenter l'expérience ? C'est vrai qu'elle est jeune Barbie, dix-huit ans à peine, la benjamine de la saison et pourtant, elle transpire bien plus la confiance que pas mal de candidats. Il se demande à quoi c'est du tien, cette confiance à son âge. Gosse de riche ? La fille populaire à l'école ? Gagnante de déjà plusieurs concours ? Il y a tellement de raisons inimaginables.

Tu aimais bien l’ambiance qui régnait au sein de la villa : les affinités commençaient à ressortir et même si la compétition restait bien présente dans les esprits, la maison ressemblait à l’heure actuelle davantage à une chouette colonie de vacances plutôt qu’au nid de vipères que laissait présager la salle d’attente. Tu avais beau adorer jeter l’huile sur le feu, l’esprit bon enfant qui régnait entre vous n’était pas pour te déplaire et c’est l’esprit léger que tu franchis les portes-fenêtre pour aller sur la terrasse, une tasse de café à la main.
Interpelée par une voix masculine, tu tournais le visage pour reconnaître Riley, posé comme un roi sur le petit salon extérieur. « Ah Riley ! Qu’est-ce que tu fais tout seul ? Ouais ça va super et toi ? » fis-tu, un sourire aux lèvres alors que tu t’approchais, posant ta tasse sur la table avant de t’installer à ses côtés le plus naturellement du monde. « Nan que j’étais petite je voulais devenir dresseuse de chats dans un cirque » commençais-tu en répondant complètement de travers exprès, juste pour jouer à l’idiote deux minutes. « Pas vraiment en fait mais je me suis dit que je n’avais qu’à faire quelque chose pour quoi j’étais naturellement douée. Faire la belle je veux dire, c’est pas compliqué hein, toujours moins que de se servir de ses mains ou de son cerveau en tout cas. » fis-tu avec ce petit sourire au coin des lèvres, ce sourire qui signifiait que tu n’étais toujours pas totalement sérieuse même s’il y avait un réel fond de vérité dans ce que tu disais. Tu avais juste l’art et la manière de le dire de manière crue. « Et toi ? Tu t’es levé un jour en te rendant compte que tu étais bien gaulé ou c’est une vocation de toujours ? » questionnais-tu en touillant ton café, toute concentrée sur le jeune homme.

Qu'est-ce qu'il fait tout seul ? Boh, pas grand chose. C'est pour ça qu'il a intercepté la jeune femme. « Je profite du soleil. Je viens de Londres alors bon, cette chaleur j'ai pas trop l'habitude. » Mais il est ravi. Pour le coup, le froid ne lui manque absolument pas. Il préfère de loin les températures de L.A. La conversation devient plus intéressant que le beau temps lorsque ça parle de mode, forcément. Pour Barbie, c'était pas une évidence depuis toute petite mais plutôt un coup d'essai. Il lâche un léger rire lorsqu'elle résume le métier à faire la belle. C'est exagéré et même dans sa tête ça doit être plus nuancé mais elle est comme ça Barbie, à dire des choses qui peuvent faire réagir. C'est connu maintenant. « et si ça marche pas ou que finalement ça te lasse ce domaine, t'as autre chose en tête ? » Il parle pas forcément de cette compétition parce qu'il se doute qu'il n'y aura pas que le gagnant qui se verra ouvrir des portes après l'émission. Ils gagnent tous une visibilité qui vont leur service et rien que pour ça, ils ont déjà tous pas mal gagné. A eux de profiter de cette visibilité pour faire leur preuve auprès des professionnels qu'ils peuvent rencontrer ou qui les regardent de loin. Elle n'a que dix-huit ans après tout, elle a bien l'occasion de se retourner si ça ne lui convient pas. « Première option ! » bon évidemment, en plus nuancé là aussi. « Je me suis levé un matin et je me suis dis : je suis pas heureux. » souffle t-il l'air détaché. C'était la vérité. Il a été dans un tournent dans sa vie, à devoir choisir une voie sure mais qui ne lui plaisait pas ou se lancer dans quelque chose de nouveau et peut-être avoir finalement une vie qui l'épanouie. « On m'a suffisamment répété dans la vie de tous les jours que j'étais photogénique, j'ai toujours voulu travailler dans un domaine artistique alors... je me suis lancé dans ce concours » Et maintenant, il verra bien mais il vivra pas avec ce regret là. « Mais la concurrence est rude » rajoute t-il dans un rire. Il ne s'attendait pas à moins cependant.

« Ohhh toi aussi ?! » t’exclamais-tu à l’évocation de Londres. Toi tu n’y avais jamais mis les pieds mais tu en connaissais un autre tout droit venu de la capitale anglaise et au vue de la sympathie que tu lui portais, tu étais tentée de donner des points d’avance à @Riley rien que pour ça. « T’as jamais entendu parler des tempêtes de neige de New-York ? On est presque en terre arctique ! » ajoutais-tu avec un petit sourire, histoire de remettre les pendules à l’heure non sans forcer un peu le trait, prenant ta tasse de café entre tes mains, remontant un genou devant ta poitrine. C’était agréable ici, il avait bien raison de prendre un peu de son temps pour simplement profiter de l’instant présent.
A l’évocation de ton avenir dans le monde de la mode, tu haussais des épaules. Tu n’envisageais pas l’échec en fait. « Eh ben, je n’aurais qu’à passer de l’autre côté de la barrière, j’gagnera ma vie en disant du mal des autres, un peu comme Okoye quoi » provoquais-tu, pas décidée à répondre sérieusement à cette question. Parce que tu n’avais pas de réponse à donner, tu serais mannequin ou rien, voilà comment tu l’envisageais pour le moment dans son esprit gonflé d’orgueil juvénile.
Lui retournant la question, tu tournais la tête vers lui, curieuse de connaître son parcours. « Tu faisais quoi avant pour ne pas être heureux ? » demandais-tu sur le ton de la conversation, intriguée par la manière dont il avait tourné sa phrase et toi, tu adorais les belles histoires toi, tu n’attendais que ça qu’il te raconte sa vie. « Haha heureusement que vous avez des amis pour vous mettre des coups de pied au cul ! » ris-tu, secouant la tête comme pour signifier « ah ces mecs ! » Fallait vraiment tout leur faire ! Puis sans crier gare, tu te tournais vers lui approchant ton visage du sien « Ah ouais ! C’est vrai que t’as des yeux magnifiques en fait ! » Ok, rien à voir avec la conversation mais tu avais entendu quelqu’un parler de la couleur de ses yeux, tu venais d’y repenser et après vérification, ce n’était pas des conneries.

Lui aussi ? Parce qu'il a un compatriote anglais ici ? « Qui d'autre vient de Londres ? » Calmos, ça fait que quelques jours qu'ils cohabitent ensemble, c'est normal qu'il ne sache pas, non ? Cette personne, il ne doit surement pas lui avoir dit grand chose pour le moment parce qu'il pourrait reconnaitre l'accent anglais dans le mille s'il l'entendait. « oui bon, c'est pas un concours ! » joue t-il de façon puérile. Mais ouais, si c'était un concours elle aurait gagné. En tout cas, elle vient de New York la petite Barbie. La ville qui ne dort jamais. Ça lui va plutôt bien tiens. Ce qui lui va plutôt bien aussi, c'est sa réponse quant à son avenir. A dix-huit ans, il était bien paumé lui et bien moins ambitieux qu'elle. Bien sur qu'elle ne sait pas ce qu'elle va faire, elle joue au jour le jour, elle profite de la vie, elle ne se voit que là-dedans pour l'instant. Il sourit automatiquement. Parce qu'être confrontée à Barbie et son petit dix-huit ans, ça lui fait prendre conscience à quel point il a évolué en cinq ans. Puis de son petit air ingénu et malicieux, elle lui demande ce qu'il faisait pour ne pas être heureux, comme prête à écouter une histoire pour la bercer avant de dormir. Ça le touche un peu, ça le fait sourire et il n'a aucune pudeur à lui raconter des éléments de son histoire alors qu'ils sont encore des inconnus l'un pour l'autre finalement. « Tu vois moi à dix-huit ans, je pourrais même pas te dire où j'étais. » commence t-il, comme un bon conteur. Sauf que là, c'était une vraie histoire. Pas la plus dramatique ni la plus époustouflante. Juste une histoire sincère. « J'ai fais n'importe quoi, clairement. J'avais de mauvaises fréquentations, j'en étais même devenu une mauvaise fréquentation. Je fuguais beaucoup, j'ai arrêté les études. Je faisais rien de ma vie à part trainer dans des hangars abandonnés, fumer des joints avec les potes et tagger la nuit. » Il cherche dans ses souvenirs, ne peux s'empêcher d'esquisser un sourire. « Ok, ça c'était plutôt sympa » Tagger, dessiner, laisser son côté artistique ressortir. « J'ai fini par me ressaisir, chercher un boulot dans la restauration, là où on te laisse une chance même si t'as pas de diplôme ni d'expérience. J'ai eu la motivation nécessaire pour commencer tout en bas, acquérir l'expérience pour grimper les échelons jusqu'à bien gagner ma vie en serveur dans une grand hôtel de luxe. Sauf que c'était un choix par dépit tout ça. » Il dit pas que c'est une mauvaise chose, les choix par dépit. Quelques fois, ce choix peut devenir finalement le meilleur choix possible, un choix qui va te rendre heureux. C'est pas le cas ici. « Je peux continuer, bientôt devenir chef de rang et continuer dans cette voie là... mais non, ça restera toujours le choix par dépit, celui qui me rend pas heureux » Voilà. Il a décidé de tenter le tout pour le tout avec cette émission. Clairement, il n'est pas certain que cette offre soit toujours valable après l'émission s'il échoue. C'est pas perdu, il trouvera facilement un job de serveur et peut-être reconstruire quelque chose mais ça le rendra clairement pas heureux, qu'il évolue ou pas. Barbie s'étonne sur ses yeux, il esquisse un sourire, ouvrant grand les yeux par réflexe, nullement gêné par cette proximité. « Mais toi aussi mademoiselle t'as des beaux yeux tu sais ? » renchérit-il avec un rire. Donc s'il lisait entre les lignes, certains vantaient la beauté de ses yeux ? Dis-donc, un peu de succès ça fait toujours plaisir.

« Keven ! » annonçais-tu avec un petit sourire au coin des lèvres, te passant une main dans les cheveux pour les ramener à l’arrière, jouant avec l’une des mèches que tu t’enroulais autour d’un doigt, ricanant alors qu’il calmait tes ardeurs de compétitrice. Ce n’était pas un concours mais Riley ne disait ça que parce que tu gagnais. Enfin, dans ton esprit, tu gagnais toujours même si ce n’était pas vraiment le cas dans la réalité, la vraie.
Prenant à nouveau ta tasse en main, tu repris une gorgée sans le lâcher du regard, écoutant attentivement ce qu’il avait à dire. On pouvait bien dire ce que l’on voulait de toi, tu adorais écouter les gens parler, découvrir leur histoire te passionnait…enfin ça t’occupait au moins ! @Riley jouait d’ailleurs très bien le jeu, instaurant une ambiance pleine de suspense alors qu’il introduisait son histoire. Et ça marchait parce que des dizaines de questions germaient dans ton esprit. « Un vrai petit voyou dis donc ! ça va, je t’imagine pas trop mal en plus » ris-tu doucement, te faisant un petit film avec ce qu’il te racontait. « j’en conclus donc que tu sais dessiner ? » commentais-tu avant de le laisser poursuivre, amusée de voir ce qu’il retenait de sa vie d’avant. « ça a du te demander un sacré courage de changer de vie du jour au lendemain, genre laisser tomber les potes et te lever les matins pour aller taffer comme un con pour un salaire de misère, non ? » En gros, Riley pouvait bien décider de vivre cette vie là…ou tout plaquer pour aller ailleurs. C’était une attitude à double-tranchant mais pour l’instant, il ne semblait avoir changé de vie que pour le meilleur. « Et tu penses que devenir mannequin te rendra heureux ? » questionnais-tu avant de rire en exagérant le trait « Ah ben bon, je sais pourquoi, je manquais à ta vie ! » ris-tu, pas sérieuse pour un sou, tu adorais ça, faire semblant d’être le centre de l’univers. Certains te prenaient au sérieux mais c’était bien ça ton grand jeu, rendre flou les bords de la réalité.
Puis quand tu lui dis la remarque sur ses yeux, tu ris à sa réaction. Il était définitivement trop drôle ! « Ouais je saaais ! J’ai tout pour moi que veux-tu ! » t’amusais-tu, posant une main sur ton front, légèrement en arrière, digne d’une vraie dramaqueen avant de rire de ta bêtise.

Oh, Keven. Le sourire sur le visage de la blonde ne l'étonne pas, tout le monde sait ici que les deux font la paire. Par le passé, on peut effectivement dire que Riley n'était pas le gendre idéal... mais il a bien changé depuis ! « ah bon ? moi qui pensait avoir un visage d'ange  » Le genre à avoir tout ce qu'il veut avec son sourire innocent. Non ? Tans pis. Ça doit être les tatouages ou son septum qui le trahit, à tout les coup. « J'aime dessiner. Jusqu'à dire que je sais dessiner, hm, non  » Il gribouille quoi, de temps en temps. « Ouais, ça a été un peu dur de se mettre un coup de pied au cul mais moins dur que de voir à quel point je rendais triste mes parents. Tu sais, je pouvais disparaitre pendant des semaines sans donner de nouvelles » C'était pas le genre à insulter ou violenter, juste à se la jouer je m'en foutiste comme si rien ne pouvait l'atteindre. Pas facile, en particulier pour sa mère. Maintenant il se rend compte à quel point c'était cruel et injuste de lui faire vivre ça, lui faire subir de nouveau l'abandon. Elle a assez souffert par le passé pour qu'il en rajoute une couche. Il en est vraiment pas fier de ça et c'est ça sa principale source de motivation. Pas la rendre fière mais la rassurer, tout simplement. « Oui je pense » En tout cas c'est une vie qui l'attire plus.