« Doux Jésus… Que Dieu nous pardonne ! » Je me tiens là, interdite, devant cette affreuse montagne de vêtements. Ils jonchent tous le sol, il y en a partout, en vrac. Difficile de distinguer les tenues de chacun au milieu de ce foutoir. J’ai surement égaré quelques sapes au milieu de ce champ de bataille et j’ai bon espoir de faire amende honorable en offrant à ce dressing une deuxième vie. Je suis là, immobile, depuis dix minutes déjà à observer le massacre sans trop savoir par quel coin commencer. Ne vais-je pas m’attirer les foudres des autres candidats en me permettant de toucher à leurs affaires ? Je me baisse pour attraper un morceau de tissu qui s’avère être un caleçon, il est à moitié humide, affreux. Probablement abandonné ici après une séance de cardio intensive. « Putain c’est vraiment dégueulasse ! » Je suis à deux doigts de rendre, je crois sentir les carottes de ce midi remonter, ces maudites carottes sont à deux doigts de ressortir mais je parviens à éviter le pire en relevant la tête pour inspirer longuement. Que quelqu’un me sorte de là, de cette galère, qu’une naine au claquage de doigt angélique vienne mettre fin à mon calvaire en nettoyant la pièce de fond en comble. « Courage Tara… Tu as affronté trente cinq élèves le dernier jour de l’année en dernière heure à dix-sept heures un vendredi… Tu peux survivre à tout après cela ! » Je ne puis assurer être ressortie de cette ultime heure de cours entière, j’affirme seulement y avoir survécu. J’attrape le fameux caleçon à l’aide d’un autre vêtement et le balance dans une panière de linge sale. J’irais généreusement faire une machine après cela.

J’ai déjà beaucoup trop donné de ma personne pour avoir à relever un tel défi. Pourquoi est-ce toujours les meilleurs qui partent les premiers ? Je suis beaucoup trop jeune pour être sacrifiée sur l’autel de la saleté. Vous avez vu l’état dans lequel on m’a laissé ce dressing ? Le pire dans tout cela, c’est que je suis certainement fautive moi aussi. Pas énormément, pas plus de dix pourcents de culpabilité, il se pourrait néanmoins que j’ai égaré un top par ci, une chemise par là en me promettant de les récupérer plus tard. Que voulez-vous que je vous dise, je suis toujours très en retard les soirs de panel et je change à chaque fois d’avis au dernier moment sur ma tenue. Dans l’urgence, il faut savoir faire des sacrifices. Aujourd’hui je suis prête à faire amende honorable. Il n’y a plus vraiment le choix de toute manière, nous retrouverons bientôt des souris au milieu de nos fringues si personne n’y met du sien pour offrir à cette pièce l’éclat qu’elle mérite d’avoir. Un dressing devrait être bichonné comme jamais, c’est la meilleure pièce d’une maison si vous voulez mon avis, je ne dis pas cela parce que j’ai trois armoires de fringues pleines à craquer à la maison, non… Du tout. Quoique… Pour l’heure, je lutte avec ce caleçon qui se retrouve entre mes mains et me donne envie de rendre ma collation de tout à l’heure. C’est pile à ce moment-là que @Bianka se joint à moi, surement attirée par mes cris outrés et effrayés. « C’est un cauchemar, un véritable film d’épouvante dans lequel on aurait remplacé le sang par des vêtements crades. Regarde-moi ça !!! » Je m’excite en secouant le vieux calfouet tout pourri que j’ai dans les mains. « Devan avait raison de qualifier nos camarades d’animaux ! » Je lance le boxer dans ma panière de linge sale et soulève un autre vêtement quand, tout à coup… « AAAAAH NOOOON MAMAAAAAAA MIAAAAAAAAA » J’hurle, surprise par cette immonde araignée toute poilue qui me frôle la main et entame une course endiablée en direction de Bianka tandis que je bondis sur le banc juste à côté de moi. « J’ai peur des araignées, tue-là, ATTENTION ELLE TE FONCE DESSUS ! » Regardez-là avec ses pattes velues, ses yeux diaboliques et ses petits crochets aiguisés. Elle s'apprête à faire de Bianka son dix-huit heures !