Se réveiller avec cette sensation de manque est désormais devenu une habitude. Il est là ce manque, bien ancré au fond d’elle, prêt à jaillir à tout moment pour déchirer ses entrailles.  C’est presque viscéral comme sensation. Ses yeux s’ouvrent sur un nouveau jour et parfois son cœur se serre et son estomac se tord. Il est toujours trop tôt pour que les autres le remarque et elle ne connaît personne à part Sander susceptible d’être levé aux aurores tout comme elle. Depuis sa rencontre avec le norvégien, elle fait toujours en sorte d’écouter à la porte de la salle de bain pour ne le déranger dans un moment de vulnérabilité. Elle sait bien qu’il ne lui a rien demandé, les barrières elles se les aient mis elle-même. Aujourd’hui il est trop tôt pour entre le clapotis des gouttes d’eau contre le sol alors elle tente sa chance, s’offre un brin de toilette assez rapide avant de descendre au sous-sol comme chaque matin pour son entraînement. Le seul moyen pour combler son manque de la scène c’est celui-ci, s’entraîner bêtement à danser seule une danse qui se pratique à deux comme si cela suffirait à lui faire oublier à quel point son cœur saigne lorsqu’elle repense à son partenaire de toujours qu’elle a laissé derrière elle pour venir ici. La simple idée qu’il puisse s’être trouvé une nouvelle danseuse avec qui partager sa passion suffit à la rendre nauséeuse. Alors elle se défonce, se laisse submerger par cet élan d’énergie qui la traverse et se défoule en laissant son corps parler. Il parle, il crie, il pleure mais il vie et au rythme d’une musique et sur les pas d’une danse qui n’est pas la sienne elle finit par trouver un moment de sérenité. Il est parti ce manque, il s’est retiré même s’il ne faut pas être savant pour savoir qu’il reviendra. Il revient toujours. Un peu haletante, elle file en direction du jardin. Il n’est peut être pas trop tard pour sentir l’air frais chatouiller sa peau. Une légère rosée semble recouvrir le jardin. Pourtant ce n’est pas la végétation ni même l’astre solaire qui retiennent son attention mais l’ombre d’une silhouette dissimulée dans l’immensité de la végétation. À pas de loup elle s’approche avant de découvrir qu’il s’agit de @Max. Son visage se fait immédiatement grave en voyant son camarade faire les cent pas dans le jardin à une heure si matinale. Il semble avoir envie d’être seule sauf que sa détresse appelle un peu Bianka qui préfère s’assurer en personne que tout va bien. Son regard croise celui de son camarade, elle n’arrive pas vraiment à comprendre l’orage qui semble faire rage dans les prunelles du jeune homme. Tout ce qu’elle comprend c’est que quelque chose le préoccupe. « J’arrive à t’entendre penser d’ici ». C’est vrai, il lui suffirait de tendre un peu l’oreille pour entendre la tempête qui se déchaîne dans les méandres de son esprit. Il pense si fort, c’en est presque assourdissant. Subtilement elle fait deux pas en direction du brun. « T’as l’air d’avoir envie de te changer les idées ou de vider ton sac ou d’un câlin » qu’elle affirme en adressant un sourire bienveillant à son camarade. Ils ne se connaissent pas trop mais ce n’est certainement pas ce qui va empêcher Bianka d’être une épaule sur laquelle se reposer. « Mais franchement je te conseille pas le câlin avec moi, je sors juste de la salle de sport et je suis pas sûre que tu apprécierais. ». plaisante-t-elle de manière hasardeuse afin d’essayer d’arracher ne serait-ce que l’esquisse d’un sourire à son interlocuteur. Un léger tréssautement aux coins de ses lèvres lui suffirait à vrai dire. Tant qu’il ne se sent pas triste au point de ne plus avoir envie de rire aux plaisanteries.