Il est encore tôt pour songer à prendre le déjeuner. Certaines personnes seraient déjà affamées à quémander de la nourriture, peut-être même que je serais dans le même état qu’eux si je n’avais pas l’habitude de manger très tard le midi. La faute à des heures de cours placées stratégiquement entre midi et quatorze heures pour me permettre de bénéficier de la plupart de mes après-midis. Être professeur, c’est faire des concessions, lorsqu’il a fallu choisir entre manger ou enseigner, j’ai choisi d’enseigner. Les élèves ont souvent la dalle, certains me détestent probablement pour cela, mais l’administration me remercie parce que les élèves ne trainent plus dans les couloirs en attendant leur heure de passage au self. Il me reste donc plusieurs dizaines de minutes, si ce n’est des heures, avant que mon cerveau, guidé par mon horloge biologique, ne se décide à créer l’illusion de faim et me pousse à consommer des aliments pour me rassasier. En attendant l’heure fatidique, je ne sais quoi faire de ma peau. Les premiers rayons du soleil ont terminé de réchauffer l’atmosphère, le vent semble avoir partiellement -si ce n’est complètement- disparu. L’occasion idéale pour envisager de piquer une tête. Cette piscine, je puis vous assurer que je ne la regarde plus du tout de la même manière depuis le shooting avec Cesare. J’en garde un souvenir mitigé qui m’empêche de pleinement apprécier les lieux. Espérons que des souvenirs plus joyeux viennent relever mon appréciation de cet endroit. Vitaly pourra peut-être y contribuer. Pour l’heure, il semble s’amuser comme un fou, tout seul, un peu comme un enfant qui enchaine les pirouettes, sauts et autres jeux à base d’apnée. J’ignore pourquoi nous aimons tous retenir notre respiration le plus longtemps possible lorsque nous profitons d’un moment à la piscine. Une enquête à ce sujet pourrait être intéressante si vous voulez mon avis. Il me remarque enfin, difficile de faire autrement, et me fait remarquer que je cache le soleil. « J’suis pas sûr que le soleil soit bon pour ta peau… A moins que tu crèmes tes tatouages… Ou devrais-je dire, tout ton corps, vu le nombre de tatouages que tu as ! »