all falls down, tues. 02h27 e3

Diya se trouve éveillée au plein cœur de la nuit. Voilà, plusieurs longues minutes qu’elle fixe le plafond de la chambre. Elle n’ose bouger de ce lit, de peur de faire du bruit et de réveiller ses camarades de chambrée. Elle pousse un soupir, croisant les bras. Depuis quelques temps, elle est préoccupée. Quelque chose occupe ses pensées, une partie de ses pensées. Elle ressasse, encore et encore. Cela ne lui ressemble pas. Elle se résigne à tirer ses draps. Elle sort de son lit et traverse sa chambre. Elle se rend dans la salle de bain, pour boire un verre d’eau. Elle sait que pour chasser ses préoccupations, elle devrait mettre des mots dessus, mettre des signes dessus, elle devrait les exprimer, mais elle en a peur. Elle appréhende. Elle se mord intérieurement la lèvre. Ici, il n’y a pas son meilleur ami, à qui elle pourrait confier tous ses maux, toutes ses préoccupations. Elle doit faire sans lui, ou plutôt elle doit faire comme s’il était avec elle, à ses côtés. Dihya retrouve sa chambre, fait quelques pas, puis se saisit de son téléphone. « Tu dors ? », qu’elle écrit avant de l’envoyer à son destinataire. Elle guette l’écran de son téléphone, attendant une réponse. Quelques secondes, quelques minutes… rien. Elle fait quelques pas en direction de la chambre voisine, de la sienne. Elle attend devant la porte, un signe, un bruit, un message, quelque chose qui marquerait une présence éveillée dans la pièce. Rien. Elle pose délicatement sa main sur la poignée de la porte qu’elle ouvre, doucement, tout doucement, pour ne pas réveiller les habitants de cet antre. Elle fait quelques pas, à l’aveugle, se rappelant le lit où il dort. Elle s’approche et s’agenouille pour être à sa hauteur. Elle le détaille, en silence, obtenant une réponse à sa question. Il dort. Elle ne sait pas si c’est une bonne idée de le réveiller, de le tirer de son sommeil à cet instant, mais il est la seule personne qui pourrait l’apaiser, qui pourrait la tranquilliser… ça lui parait presque paradoxal. Elle se mord intérieurement la lèvre, alors qu’elle tente de se demander comment le réveiller. Elle pose en délicatesse sa main sur l’épaule de son camarade, le secouant un peu. Elle retente une fois, deux fois… elle abandonne. Après l’épaule, elle tente la joue, la caressant d’un geste tendre. Sa tentative est vaine. Elle approche son visage du sien. Elle tente de se remémorer la façon dont elle doit articuler des sons. « Devan », articule-t-elle, alors que le son de sa voix vient se nicher dans le creux de l’oreille de @Devan. Après quelques secondes, il termine par se réveiller. Un discret sourire se peint sur ses lèvres de la belle métisse. Puis, un air désolé se peint sur son visage. Elle s’en veut de l’avoir réveiller, en pleine nuit, mais il est sûrement celui dont elle a besoin, à cet instant. Elle n’ose bouger, de peur qu’il la rejette, qu’il la renvoie dans sa chambre.

Depuis deux-trois nuits, on peut dire que tu dors comme un bébé. Le fait de te retrouver tout en haut du classement t’as redonné des ailes et confiance en toi. T’es assez serein quant à la suite du jeu même si tu restes conscient qu’il ne faut pas que tu te reposes sur tes épaules et qu’il va falloir que tu redoubles d’efforts dans les jours à venir. Tu comptes en tout cas rester sur cette voie et garder la tête de liste. Tu veux aller le plus loin possible dans cette aventure et si possible gagner. Les récompenses sont alléchantes. Mais la compétition est encore grande et rude. Un autre point qui fait que tu roupilles comme une marmotte c’est ton début de romance avec Dihya. Enfin début… ça fait plusieurs semaines que vous vous côtoyez l’un et l’autre mais on peut dire que votre relation a pris un réel tournant la semaine passée lorsque vous vous êtes embrassés. Depuis, vous n’avez pas tellement réitérer ces échanges. Des gestes d’affections et peut-être deux-trois baisers volés, oui. Mais rien de bien transcendant non plus. Vous n’avez pas officialisé ça et on peut dire que vous êtes restés discrets. Pour vivre heureux, vivons caché, comme le dit le dicton. « Mmm… » Alors que t’es allongé sur ton lit – presque seul dorénavant dans ta chambre puisque la majorité de tes colocataires se sont fait éliminés – tu sens des vibrations dans ton oreille, ce qui te fait dans un premier temps grogner. La présence en continue de la jeune femme et ses caresses ont raison de toi. Tu ouvres les yeux, un peu avec difficulté et réponds d’une voie grave. « Oui ? » Tu te redresses alors observant @Dihya qui semble désolé de t’avoir réveillé. T’essayes d’attraper ton portable pour lui écrire mais tu ne le trouves pas. Surement que tu l’as fait tomber par terre encore une fois. Du coup, tu t’efforces d’articuler quelques mots, à moitié endormi. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Tu ne sais pas si elle te comprendra. Mais tu te doutes qu’elle va trouver un moyen pour te répondre et t’expliquer pourquoi elle a généré ce réveil brutal au beau milieu de la nuit.

Sans réfléchir, c’est vers @Devan qu’elle s’est tournée. Celui-là semble dormir à poing fermer. Elle tente une première fois de le réveiller, puis une seconde, et enfin un troisième fois. Cette dernière tentative est la bonne, ou presque du moins. Elle le voit commencer à s’agiter dans son lit, sous ses draps. Il émet un gémissement. Elle se mord la lèvre intérieurement. Elle sait que certaines personnes n’apprécient guère d’être réveillé en plein sommeil, et peuvent devenir agressif voire violent. Ses pupilles habituées à la lumière de la nuit, elle détaille les traits de son visage qui se dessinent et se redessinent. Elle remarque qu’il articule la bouche. Elle ne parvient à lire sur ses lèvres. Elle marque un pas de recul, alors qu’elle le voit se redresser. Elle observe son bras se lever et chercher quelque chose, elle ne sait quoi. Peut-être son téléphone portable, afin de regarder l’heure ? ses messages ? lui écrire ? Dihya ne bouge pas et reste pétrifiée sur place, alors que le bellâtre se redresse dans son lit. Elle remarque qu’il lui adresse quelques mots. Elle se concentre, parvenant à lire quelques mots sur ses lèvres. Il lui demande ce qu’il y a. Dihya se permet de faire un pas en avant, puis s’assoit sur le rebord du lit. Elle réfléchit à comment elle pourrait s’exprimer. Elle ignore si elle signe, si Devan comprendra ou non, ce qui se passe. Certains de ses camarades avaient l’effort d’apprendre la langue des signes pour communiquer avec elle, à sa grande surprise, comme Tara ou Sander. Un mot est une représentation, une idée visuelle, en quelque sorte. Ses bras commencent à s’agiter, ses mains et doigts s’éveillent dans la nuit et signent gracieusement. « Je… n’arrive pas à dormir ». Elle produit ses gestes lentement, comme pour permettre au jeune homme d’imprimer ses gestes, d’interpréter chacun des signes qu’elle lui adresse. Elle plante son regard sur son visage, espérant qu’il ait compris. Si elle l’a réveillé, ce n’est pas anodin. Elle prononce quelques mots, de vive voix, en réfléchissant à la façon dont elle doit placer sa langue dans sa bouche, elle doit ouvrir la mâchoire, etc. « Pas dormir ». Son regard ne quitte pas le sien, dans cette nuit claire. Un soupir franchit la barrière de ses lèvres. Elle n’aurait peut-être pas dû venir. Elle ressemble à une enfant timorée. Elle s’apprête à se relever et à quitter le bord du lit, où elle a pris place, quand elle sent quelque chose retenir son poignet.

Ta nuit est soudainement écourtée par la présence de @Dihya. Tu ne comprends pas bien ce qu’il se passe. D’ailleurs, t’as mis du temps à ouvrir les yeux. Il a fallu que la jeune femme s’y prenne à plusieurs reprises et de différentes manières pour te réveiller pleinement. T’étais dans une phase de sommeil profond. Du coup, t’es quelque peu déboussolé et tu ne comprends pas bien ce qu’il se passe dans cette chambre hormis le fait que Dihya se trouve là. Tu te dis qu’il doit y avoir quelque chose de grave. Tu ne peux même pas communiquer facilement avec elle étant donné que tu n’as pas trouvé ton portable. Tu ne sais pas si tu l’as fait tomber par terre ou bien s’il se trouve autre part que ta table de chevet. Tant pis. Pas question de te mettre à la recherche de ton smartphone à cette heure-ci. Tu t’es tout de même redressé, dos sur ton coussin, yeux rivés vers la jeune femme accroupie aux côtés de ton lit. Dihya te fait quelques signes pour te répondre. Tu n’es pas bien sûr de saisir l’intégralité de son message mais tout ce que tu comprends c’est qu’elle n’arrive pas à dormir. Tu ne peux t’empêcher de soupirer instinctivement. Ta fille est grande maintenant et tu n’as clairement plus l’habitude ni la patience pour qu’on te réveille en plein milieu de la nuit. Sauf que là, il ne s’agit pas de ta fille. Tu regrettes aussitôt ton attitude ronchonne. La candidate se lève, peut-être pour partir, mais tu l’attrapes par le poignet pour la retenir. « Viens. » Tu l’attires contre toi pour l’enlacer tout en lui laissant une place dans ton lit. T’as bien fait de changer et d’opter pour le lit double qui avait été initialement pris par Adamo. Le malheur des uns fait le bonheur des autres comme on dit. En attendant, tu déposes tes lèvres contre le front de la jeune femme. Tu la regardes ensuite dans les yeux en articulant un seul mot. « Pourquoi ? » Pourquoi elle n’arrive pas à dormir ? Que se passe-t-il ? Il y a-t-il de quoi s’inquiéter pour elle ?

Dihya prend place sur le bord du lit, posant ses mains sur ses cuisses nues. Elle n’a pas pris le temps de revêtir un gilet pour couvrir les parcelles de sa peau découvertes, un tanga et un crop top comme tenue de nuit. Puis ses bras s’animent, tentant de se faire comprendre par Devan. Elle n’arrive pas à dormir, voilà ce qu’il se passe, voilà pourquoi elle se trouve dans cette chambre qui n’est pas la sienne, voilà pourquoi elle l’a rejoint. Elle lit la réaction sur le visage du beau brun. Il semble agacé par sa présence ou par le fait qu’elle l’ait réveillé. Elle regrette d’être venue, d’avoir poussé la porte de cette chambre. Elle se relève, quand elle sent quelque chose la retenir. Son regard se pose sur cette pression, la main de Devan. Elle relève les yeux, qui croisent ceux du jeune homme. Elle ne comprend pas ce qu’il se passe… ou elle ne cherche pas à comprendre et son corps bascule doucement contre le torse de son camarade. Elle sent ses bras venir l’entourer et la presser délicatement. Son cœur croit rater un battement. Ces gestes, cette présence viennent animer quelque chose en elle, quelque chose en son for intérieur. Elle sent ses lèvres venir se déposer sur son front. Puis il défait l’emprise qu’il a sur elle. Elle sent son regard se poser sur elle. Un fin sourire se peint sur ses lèvres, alors qu’elle se concentre sur ce qu’il prononce. Il énonce une syllabe qu’elle parvient à lire, sans une once d’hésitation. Pourquoi ? Parce qu’il y a beaucoup de choses qui s’impriment dans son esprit, beaucoup de choses qui lui échappent, beaucoup de choses qu’elle n’a jamais connues jusqu’alors. Elle reste quelques secondes interdite. Elle ne sait pas comment lui expliquer… alors elle commence de nouveau à signer, en prenant le temps de produire ces signes dans des gestes lents pour lui partenaire de les lire, de les comprendre, de les deviner. « Quand je suis très préoccupée, je n’arrive pas à dormir… comme… comme cette nuit. », qu’elle signe, alors que son regard ne quitte plus les siens. Elle tente de le sonder, parce qu’elle sait qu’elle pourrait obtenir les réponses à certaines de ses questions, qu’elle pourrait trouver la clé qui apaiserait certaines de ses préoccupations. « Je pense à beaucoup de choses en ce moment… », qu’elle lui explique. Elle pousse un soupir. « Il y a l’aventure, l’émission… ». Pour commencer, mais elle sait que ce n’est pas seulement le centre de ses préoccupations du moment. « puis ». Elle s’interrompt, puis dodeline doucement la tête. Puis à ces autres choses qui ont su trouver une place dans son esprit, sans qu’elle n’y ait crié garde. « Tu dois me trouver stupide ». C’est sûrement ce qu’il pense depuis l’instant où elle l’a réveillé.

Ton regard s’abandonne un instant sur la tenue de nuit de @Dihya. Il fait assez sombre donc tu n’y vois pas grand-chose mais tu te rends compte qu’il n’y a pas beaucoup de bout de tissus qui revêtissent son corps. Il faut dire qu’il ne fait pas froid dans la villa et que vos couettes sont assez épaisses. Toi-même tu dors torse-nu et avec un simple short de nuit. Tes yeux dérivent rapidement sur les siens. Tu cherches à comprendre pourquoi elle t’a réveillé en plein milieu de la nuit. Est-ce qu’il y a un problème en particulier ? Une urgence ? Non, visiblement, rien d’inquiétant. La jeune femme n’arrive juste pas à dormir. Soupir. Tu te décides néanmoins à l’attraper pour la compresser contre toi. Elle peut dormir à tes côtés. Tu l’enlaces en l’entourant avec tes gros bras, puis, déposes un baiser contre son front. Quelques secondes plus tard, tu décides de rompre le silence pour lui demander s’il y a une raison en particulier au fait qu’elle n’arrive pas à dormir. T’espères qu’elle saura lire sur tes lèvres. Tu ne sais juste pas comment elle va s’exprimer. Surement avec des signes. Et effectivement, la candidate mime plusieurs mots. Tu n’es clairement pas sûr de comprendre leur sens. Tu ne connais aucunement ce langage. Il te semble capter que quelque chose ne va pas et c’est cette chose qui fait qu’elle n’arrive pas à dormir, mais quoi ? T’en sais rien. Ou alors ses pensées ? Oui, ça doit être ça. T’essayes de te montrer réceptif à ses gestes pour ne pas qu’elle prenne mal le fait qu’une barrière de langage s’est instaurée entre vous mais au final, tu te sens ridicule et bête de ne pas tout comprendre. La jeune femme stoppe ses gestes puis balance la tête. Tu te doutes qu’une suite va arriver. Mais quoi ? Tu comprends le mot stupide. Tes sourcils s’arquent pour faire les gros yeux. Tu te désignes tout en reproduisant ce fameux mot qu’elle a précédemment mimé. Te traite t’elle d’idiot ? Tu sais que tu n’as pas l’air fin à ne pas la comprendre mais tout de même, elle y va un peu fort. Tu mimes ensuite le fait que tu ne parles absolument pas la langue des signes. Enfin… à ta manière. Tu n’utilises probablement pas les bons mots avec tes mains mais t’es tout de même surement compréhensible. « Je suis désolé. » Tu baisses la tête, gêné et dépité de ne rien pouvoir comprendre.

Dihya tente de s’expliquer et de se faire comprendre comme elle peut. Elle n’a pas son carnet avec elle et ce dernier ne lui serait pas de grande utilité, à moins qu’ils n’allument la lampe de chevet afin de servir de source de lumière artificielle au plein cœur de la nuit – mais cela dérangerait le camarade de chambrée de Devan. Elle n’a ni son téléphone portable avec elle, Devan n’a pas le sien avec lui non plus. Il ne lui reste plus que la seule façon dont elle s’exprime naturellement, depuis qu’elle l’a appris enfant. Il ne lui reste plus que ses mains, ses doigts, ses bras pour s’exprimer. Et au plein cœur de la nuit, ses mains s’animent. Dihya lui explique que, lorsqu’elle est préoccupée, elle peigne à trouver sommeil, comme c’est le cas ce soir. Le cœur de ses préoccupations est son aventure et le tournant qu’elle semble prendre, l’émission puis… puis il y a cette autre chose qui occupe son esprit. Il y a cette autre chose dont elle ne parvient à attribuer un nom, une étiquette. Il y a cette autre chose, qu’elle ne connait pas ou plus, il y a cette autre qu’elle découvre ou apprendre à redécouvrir. Mais elle ne parvient à l’exprimer. Quelque chose la retient, mais elle ne sait quoi. Elle se rétracte. Elle trouvera peut-etre un autre moment pour s’exprimer, pour l’exprimer, pour confier cette chose qui hante son esprit, cette chose qui s’anime quelque part en elle – mais elle ne sait où –. Son regard capte le sien, alors qu’il doit la trouver stupide. Le premier qualificatif qui lui est venu à l’esprit doit être celui-là. Elle est stupide, Dihya. Elle se mord intérieurement la lèvre, alors qu’il semble réagir à sa dernière réplique. Il tente de reproduire maladroitement le signe qu’elle a produit pour « stupide », puis se désigne lui-même. Elle arque un sourcil, avant de comprendre le quiproquo qui nait. Elle agite aussitôt la tête, de gauche à droite, puis de droite à gauche, au même moment un suite de deux sons s’échappent de ses lèvres « no ». Elle ne veut pas qu’elle pense qu’elle ait pu dire cela de lui. La belle métisse s’approche un peu plus de lui, son bras frôlant celui de Devan. Son regard recherche le sien, mais il baisse la tête, comme gêné ou honteux par ce qu’il vient de se passer. A l’aide de sa main, elle relève son menton. L’ébène de son regard capte le sien. Elle lui adresse un sourire, plongeant son regard dans le sien. Son regard se veut rassurant, comme si elle cherchait à lui dire que ce n’est pas grave. Son visage s’approche doucement du sien, et elle vient déposer un baiser à la commissure des lèvres du beau brun. Puis elle se redresse, avant de joindre ses deux mains et de les poser contre sa joue, mimant le sommeil. Elle tente de lui demander s’il veut dormir ou non, maintenant.

Il te paraît à un moment judicieux d’allumer la lumière de ta table de chevet afin de rechercher ton portable pour trouver un meilleur moyen de communication avec @Dihya que la langue des signes, que tu ne comprends pas. Le problème c’est que dans la chambre, il n’y a pas que vous. Il reste encore Sun, dans un des lits simples. C’est drôle d’ailleurs car ton camarade de chambre est surement l’une des personnes avec qui tu es le moins proche dans la villa. Comme quoi, le choix de la chambre s’était fait par le plus grand des hasards lors des premières semaines. Du coup, faute de moyens, la candidate s’exprime à travers des gestes dont tu ne vois en plus presque que les ombres étant donné qu’il fait nuit. C’est mission impossible pour comprendre quelque chose de concret. T’as l’impression d’être dans un de ces jeux de mime où il faut deviner les signes de l’autre. Sauf que ce n’est clairement pas le cas et ça ne t’amuses pas vraiment. Tu te sens terriblement stupide de ne pas bien la comprendre. Le pire, c’est que tu n’oses même pas l’interrompre pour le lui dire. Tu fais mine de tout capter. Sauf qu’à un moment donné, la jeune femme utilise ce fameux mot. Tu le prends évidemment pour toi, te sentant ridicule, alors qu’elle parlait en réalité d’elle. Gros quiproquo. Tu la regardes s’agiter et entends son « non ». Tu fais fausse route et ça ne peut que te rassurer. Ça t’aurai vexé qu’elle te traite de mec stupide dans le fond. Tu fais de ton mieux pour essayer de la comprendre, ce n’est malheureusement pas toujours facile. Parfois tu aimerais qu’elle puisse parler et s’exprimer normalement mais ce n’est pas possible, tu le sais alors tu t’adaptes comme tu peux. En attendant, tout passe par le regard. T’es tout de même un peu gêné par ce quiproquo et plus généralement cette barrière de la langue. Tu ne sais plus trop quoi lui dire ni quoi faire pour réparer les choses. T’as peur de l’avoir peiné. La belle brune relève ton menton et semble te rassurer par son regard et un sourire. Elle vient par la suite déposer un doux baiser contre tes lèvres. T’es agréablement surpris par ses initiatives. Un sourire naît sur ton visage. La jeune femme te demande si tu veux dormir. Cette fois-ci, tu comprends bien. « Oui. » Tu réponds en hochant la tête. Il est tard et il temps d’être raisonnable. Tu croules de sommeil. Tu t’allonges donc complètement sur ton lit en posant l’un de tes bras contre elle comme pour la retenir. Tu tournes ton visage vers le sien et articule doucement mais sèchement un verbe qui sonne presque comme un ordre. « Reste. » Tu veux qu’elle dorme avec toi. Tu veux la serrer dans tes bras, la rassurer et qu’elle parvienne à trouver le sommeil tout en étant à tes côtés.

Il semble ne pas avoir compris ce qu’elle vient de lui dire ; du moins, il semble ne pas avoir interprété certains de ces mots. Ce n’est pas lui qu’elle désigne par ce mot-signe « stupide », si tel avait été le cas, elle aurait adressé un signe en sa direction, or elle ne l’a pas fait. Les gestes, les signes sont des intuitions, des déductions. Il n’y a rien de plus concret que la langue des signes. Dans cette langue, dans ce monde, il n’y a pas de sous-entendus – dont ceux qui sont dotés de l’ouïe semblent être friands –. Elle n’a pas envie qu’il se fourvoie dans cette mauvais interprétation. Elle essaie de le rassurer, comme elle peut. Elle termine par lui demander s’il veut dormir. Cette fois-ci, elle n’use pas du mot-signe « dormir », mais mime l’action de dormir. Il lui affirme qu’il désire dormir. Dihya attend quelques secondes, alors qu’elle le détaille, dans le noir, et observe ses gestes. Il s’allonge dans ce lit. Elle comprend alors qu’elle n’a plus sa place dans cette chambre. Elle se pince les lèvres, se disant, une nouvelle fois encore, qu’elle n’aurait pas dû. Elle se résigne à se lever et à quitter la pièce, mais une fois encore, elle est retenue. Elle tourne la tête et croise le regard de Devan. Elle parvient de lire sur ses lèvres une syllabe. Il lui demande de rester. Il ne semble pas lui donner le choix. Elle n’ose le contredire, alors qu’elle sent l’emprise du bras de Devan plus forte sur elle, il la tire vers lui. Elle s’allonge, près de lui. Elle se mord intérieurement les lèvres, ne sachant pas si cette solution lui permettra de trouver le sommeil ou bien au contraire la tiendra éveillée jusqu’à l’aurore. Elle sent les bras du bellâtre venir l’entourer. Son épiderme frémit à son contact. Elle s’approche, doucement. Elle ferme les yeux, se concentrant sur son rythme cardiaque qui s’agite chaleureusement. Elle ferme les yeux… et… […] une lumière illumine la pièce. Elle ouvre les yeux, regardant autour d’elle et trouvant Devan encore endormi. Elle n’ose défaire l’emprise de ses bras sur elle, de peur de le réveiller. Elle se redresse doucement, son regard croisant celui du camarade de chambrée de Devan, Sun. Elle ignore ce qu’il pense, à cet instant. Elle laisse reposer sa tête contre le torse de Devan et ses lèvres viennent déposer un baiser sur le haut de son épaule, puis sur sa joue. Elle le voit bouger, dans son sommeil, à moins qu’il ne s’éveille doucement. Elle reste interdite, retenant presque sa respiration. Un léger rictus se peint sur ses lèvres, alors que leurs regards se croisent.

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