Lendemain de cérémonie du panel, après une séance de sport et s’être prélassée sur la terrasse, Dihya se rend dans la cuisine après de se concocter son déjeuner. Elle se prépare une salade, accompagnée de concombre et de pomme coupés en dés, de fromage et de noix, puis une tranche de jambon de parme. Un repas simple mais plutôt efficace. Elle s’en sert une assiette puis s’installe autour de la table. Elle est vite rejointe par l’une de ses camarades, @Tara. Elle l’accueille avec un grand sourire et un signe de la main, en guise de salutation. Puis, elle lui demande si elle va bien, en signant comme elle lui avait compris – sa camarade ne devrait donc pas ignorer ces signes. Elle l’invite ensuite à se joindre à ses côtés, puis pousse le saladier en sa direction, comme pour lui faire comprendre que si elle veut en prendre, elle le peut. « N’hésite pas ! J’en ai fait pour une dizaine ! », l’informe-t-elle, en écrivant sur son carnet.

Lendemain de cérémonie du panel, un moral nettement supérieur aux jours qui ont précédé le fameux panel qui a vu trois candidats nous abandonner. Izzy, suite à un abandon, Markus et Bazil éliminés après avoir obtenu les pires places au classement global du deuxième épisode. Place maintenant à un nouvel épisode qui fait à nouveau grimper la pression, les places sont de moins en moins nombreuses, les possibilités s’amenuisent et le danger guette de plus en plus ardemment. Je n’ai pas été très bien classée ces deux dernières semaines, que ce soit au challenge ou lors du photoshoot. Difficile de se sentir en sécurité dans de telles conditions. Lynch m’a remonté le moral, Reem aussi même si c’était nettement moins agréable à entendre de sa bouche. La vieille dame ignore clairement comment faire preuve de douceur. Aujourd’hui, il n’y a guère de place pour autre chose que du repos. J’ai envie de glander, de permettre à la pression de redescendre. Il est déjà treize heures et je n’ai pas encore quitté le jogging qui me sert parfois de pyjama lorsque ma nuisette est au lavage. Je retrouve @Dihya à la cuisine et lui répond en réutilisant ce qu’elle m’a appris au tout début de l’aventure. Je maitrise ces quelques bases à présent, Tara 1, le langage des signes 0. Elle me tend un saladier, est-ce une proposition ? J’attrape une assiette et me verse quelques cuillères de sa salade composée. « Merci… T’as prévu quoi aujourd’hui ? Je ne sais pas quoi faire de ma peau ! » Glandouiller, ça va bien deux minutes… Mais chassez le naturel et il revient au galop, j’ai déjà envie/besoin de m’occuper.

Dihya propose à sa camarade, Tara, de prendre de la salade composée. Elle en a fait pour une dizaine, alors elle peut bien se servir dans le saladier. Celle-là lui en remercie. Elle lui adresse un sourire et la regarde se servir. Elle lui adresse alors un signe avec ses deux mains qui s’animent : « bon appétit » - vu le contexte, elle se dit que la brune devinera le sens de ce signe qu’elle lui adresse. Puis elle remarque les lèvres de sa camarade s’animer. Elle lui demande ce qu’elle a prévu aujourd’hui. Elle lui explique qu’elle ne sait pas quoi faire de sa peau. Dihya écarquille légèrement les yeux, quelque peu surprise de cette confidence. Il y a pourtant tout un tas de choses à faire, dans cette villa, et il n’y a clairement pas de quoi s’ennuyer. Elle tend le bras pour réceptionner son carnet, elle dépose sa fourchette qu’elle troque contre un stylo. « Cet après-midi, c’est arm day », qu’elle annonce. Elle a décidé de profiter de cet après-midi pour s’adonner à des exercices pour travailler ses bras. Elle ignore si sa camarade sait ce qui se cache derrière cet intitulé : elle sait que la belle métisse est fitness influencer, elle doit alors avoir quelques doutes sur la façon dont elle doit occuper une partie de ses journées. « Tu voudras m’accompagner ? », qu’elle lui demande. Elle n’est pas certaine que Tara accepte, quand elle comprendra vraiment ce dont tout cela consiste.

Je me questionnais sur ce que j’allais bien pouvoir me préparer à déjeuner. Dihya me permet d’apporter une réponse simple et efficace à cette question en me proposant de partager avec elle un saladier composé d’une salade sublimée par quelques ingrédients divers et variés. Un seul mot pour qualifier ce que je glisse entre mes lèvres à la première fourchette : fraicheur. C’est très agréable et je ne tarde pas à en déguster une nouvelle fourchette. « C’est hyper bon, t’es ma nouvelle reine de la salade, sache-le ! » Je risquais de pencher pour un repas nettement plus calorique, c’est tout mon corps qui la remercie pour son action aussi rapide qu’efficace. J’ai conscience que se resservir n’est pas conseillé mais… Vous savez quoi ? J’ai décidé de ne pas faire preuve de raison. Quitte à se faire plaisir, autant aller jusqu’au bout. Je dérobe quelques cuillères de la salade composée de ma camarade pour remplir mon assiette à nouveau. « Hmmm, c’est vraiment trop bon ! » Puisque je suis là, à m’empiffrer comme une sauvageonne, autant procéder à un petit brin de conversation. De quoi me permettre de recevoir une offre à laquelle je ne peux dire non. « Bosser les bras ? Après tout ce que je viens de manger, c’est avec grand plaisir… Tu promets de ne pas trop me faire souffrir ? » Elle bosse dans le fitness si mes souvenirs sont exacts, elle doit surement connaitre des tas d’exercices qui font suer dans tous les sens du terme.

Dihya reporte son attention sur son assiette afin de prendre une bouchée de sa salade, qu’elle s’est préparée, quelques minutes plus tôt. Redressant, elle peut lire une mine satisfaite sur le visage de sa camarade. La composition de ce déjeuner semble lui convenir. Elle croit parvenir à lire quelques mots sur ses lèvres, comme « reine de la salade »… Un sourire se peint sur les lèvres. Son regard se plonge de nouveau dans son assiette, dégustant une nouvelle bouchée de son repas. Puis Tara lui demande ce qu’elle va faire au cours de son après-midi. Elle lui annonce que ce sera le arm day. Puis elle lui propose de l’accompagner. Du moins, elle ne lui oblige pas, c’est seulement si sa camarade le veut. Elle ne veut pas non plus qu’elle se sente obligée d’accepter. Un air amusé se peint sur le visage de Dihya, quand elle lit sur les lèvres de sa camarade. Elle lui demande de faire la promesse de ne pas trop la faire souffrir. La belle métisse prend un air sérieux, puis plisse légèrement les yeux - l’air de dire « peut-être bien oui… » -. Puis elle reprend son carnet pour griffonner. « A quand remonte ta dernière séance de sport ? », qu’elle le questionne. Cela lui permettra de la sonder et d’adapter les exercices qu’elle fera faire à sa camarade. « C’est important de savoir, parce que si ton corps n’est pas habitué à des efforts intenses et soutenus, tu pourrais te blesser ». Puis il n’y a aucune honte d’avouer qu’elle n’est pas sportive. Dihya, par exemple, n’est pas artiste dans l’âme et a toujours été nulle et ridicule dans toutes les activités créatives et artistiques.

J’aurais pu craindre le handicap de Dihya, angoisser à l’idée que cela représente un frein dans notre relation et nous empêche d’apprendre à nous connaitre correctement. Pas de quoi s’inquiéter cela dit, au contraire, j’ai su m’adapter instantanément à la jeune femme comme j’ai déjà eu à le faire avec l’une de mes élèves atteinte d’un lourd trouble auditif. Elle avait un micro à me faire porter autour du cou à chaque heure de cours, ce micro était relié à un appareil situé contre son crâne, juste derrière l’oreille. Elle parvenait ainsi à suivre les cours comme les autres, un plaisir de l’avoir en classe, toujours prête à participer, à prendre la parole… Peut-être parce qu’elle devait se battre pour y parvenir. Un modèle pour ses autres camarades. Je déguste cette délicieuse salade préparée par la jeune femme tandis qu’une séance de sport semble lentement mais surement se profiler à l’horizon. « Je suis moins régulière qu’à la maison, mais j’ai été courir deux fois cette semaine ! » C’est trop peu, j’ai pris l’habitude de me dépenser quotidiennement, un jogging avant de partir rejoindre mes élèves, de quoi bien me réveiller et me permettre d’atteindre le maximum de mes capacités d’attention. Je crois qu’elle me sous-estime, peut-être à cause de mon gabarit. « Oh non, t’inquiètes, j’suis habituée à aller à la salle… Il en faut des heures de sport pour que mon corps ne ressemble pas à un cube de gelée anglaise ! » J’ai plus de poids à porter, un plus gros pourcentage de graisse qui, au moins relâchement, commence à mollir. « Je suis plus habituée au cardio qu’à la muscu cela dit ! » Musculation, Fitness... Les exercices se rejoignent.

Dihya porte son attention sur les lèvres de sa camarade, suivant et lisant sa réponse. Elle y découvre alors le rapport au sport de Tara. Elle ne la quitte pas du regard. Elle lit syllabe après syllabe, recomposant dans son esprit les dires de la brune. Elle hoche doucement la tête. Elle comprend qu'elle est habituée de la salle de sport, son explication l'amuse quelque peu. Un sourire amusé se peint sur le visage de la belle métisse. Puis elle lui explique alors qu'elle est plus habituée aux exercices de cardio qu'à ceux de musculation. « Parfait, alors ! Tu pourras suivre mon rythme », qu'elle lui annonce sur la page de son carnet. Puis elle mange une nouvelle bouchée de sa salade, terminant son assiette. Elle prend un verre d'eau puis boit une gorgée. « PEt avant que tu me demandes : non, je ne passe pas la majorité de mon temps dans la salle de sport de la villa ». Elle préfère se taquiner elle-même, sur le ton de la plaisanterie. Certes, Dihya passe quelques heures de ses journées dans la salle de sport, pour son entrainement quotidien ; mais, le reste du temps, elle le passe en compagnie de ses camarades, à flâner dans le jardin, ou ailleurs.

Le sport m’a sauvé la vie lorsque j’étais plus jeune. J’ai compris dès l’adolescence qu’il me faudrait me plonger pleinement dans un passe-temps, c’est ce que j’ai fait pour éviter d’avoir à affronter le deuil de ma mère. Lorsqu’elle est morte, toutes mes frustrations, ma colère, ma peine, mon incompréhension… Plutôt que de mal tourner ou d’exploser injustement contre mes proches, j’ai décidé de tout placer dans le sport pour me défouler et expulser. C’est à cette époque que j’ai rencontré mon premier amour, il avait un emploi étudiant dans cette salle de boxe où j’étais inscrite. Il est resté des heures et des heures à s’entrainer avec moi, à ne pas oser mettre le doigt sur mon véritable problème par peur de me brusquer jusqu’au jour ou j’ai craqué… Le début d’une relation fusionnelle qui se sera étendue sur trois années. Il m’arrive parfois de penser à lui encore aujourd’hui, nous voulions rester proches mais c’était beaucoup trop difficile pour moi. Mieux vaut tourner la page dans ces moments-là. « En quoi consiste ton quotidien à la villa, dans ce cas ? » Je rebondis, l’air taquin. Je ne l’imaginais pas spécialement à passer sa vie à la salle de sport, mais maintenant qu’elle le dit… « Tu as fait connaissance avec beaucoup de nos camarades ? Tu penses quoi d’eux ? » Quitte à discuter des autres, autant avoir son opinion sur nos compagnons de galère.