La nuit s’apprête à commencer. J’ai terminé de nettoyer le mug qui accueillait mon thé quelques minutes plus tôt. J’ai toujours cette très mauvaise manie de boire un thé avant d’aller au lit alors que je sais pertinemment que la nuit va être entrecoupée par de petits arrêts aux toilettes. La faute à une vessie ridiculement minuscule. J’ignore comment certaines personnes font pour parvenir à se retenir pendant douze, parfois quinze heures sans aller faire pipi. Mère nature n’a pas doté chacun d’entre nous des mêmes habilités. Autant vous dire qu’elle s’est acharnée sur ma personne. Des rondeurs plus importantes que la moyenne, une vessie digne d’un enfant de quatre ans… Une chance que je ne sois pas hyper poilue, manquerait plus que de la moustache et j’aurais tout gagné. Dieu merci, je ne suis pas portugaise. Prête à filer au lit après avoir fait un dernier arrêt à la salle de bain pour me démaquiller et me mettre en nuisette, je débarque discrètement dans la chambre seulement occupée par Genesis. Je la distingue aisément d’Izzy parce qu’elle a une sacrée touffe de cheveux bouclés que j’adore. Si je la connaissais davantage, j’aurais probablement pris la très mauvaise habitude de les toucher sans arrêt, de les papouiller. Pas un bruit dans la chambre, j’évolue lentement mais surement, dans l’ombre, sur la pointe des pieds. Comme dans tout bon film qui se respecte, je trébuche sur un objet qui n’a rien à foutre ici et manque de réveiller toute la barraque. Je reste figée comme une idiote dans une position improbable, aux aguets. Genesis est toujours endormie, tant mieux, je ne voudrais pour rien au monde la réveiller alors qu’elle a entamé sa nuit. Enfin arrivée à mon lit, je suis interpelée par un espèce de râle. Je me retourne, intriguée et assiste à… Je ne sais pas trop à quoi d’ailleurs. Genesis semble néanmoins y prendre son pied. J’en suis presque gênée ou émoustillée… J’sais plus trop non plus, j’suis confuse et jalouse, elle a l’air de prendre son pied la petite. La déception n’en sera que plus grande lorsqu’elle se réveillera. La gêne commence à prendre le dessus sur l’amusement, elle semble au bord de l’orgasme et je ne sais pas du tout quoi faire de ma propre peau. M’enfuir pour la laisser terminer son rêve ? Me lancer par terre pour faire suffisamment de bruit et la réveiller ? La situation devient franchement gênante, je ne sais même plus où me mettre. Elle revient à ses esprits et croise immédiatement mon regard. Je lève les mains en l’air, retenant un sourire amusé au maximum. « Je n’ai rien vu, rien entendu… Rien vu en tout cas. » La jeune femme ne tarde pas à se trouver une défense béton, mieux qu’un cauchemar… Damn right ! « J’sais pas sur qui tu fantasmais… Mais cette personne avait l’air vraiment très douée, j’serais presque jalouse. »