Lorsque ses yeux s’ouvrent sur un nouveau jour à une heure considérée comme beaucoup trop matinale par la grande majorité des candidats, Bianka ne perd pas de temps à paresser dans son lit et fonce directement en direction du dressing où sont entreposés tous ses effets personnels. La plus grande majorité du casting dort encore à point fermé et il s’agit pour elle de se glisser dans la salle de sport afin d’en profiter pour réviser quelques unes de ses chorégraphies favorites. Sans le toucher rassurant de son partenaire de danse de toujours la tâche allait s’avérer plus que difficiles mais elle était bien assez expérimentée pour combler les parties de danses en couple pour en faire un récital solo. En un rien de temps elle enfile un legging de sport épousant les courbes de son corps ainsi qu’un débardeur assez ample pour l’aider à être libre de ses mouvements. Un simple brin de toilette lui suffira avant d’entamer son entraînement. À la volée, elle pousse la porte de la salle de bain où elle a la surprise de tomber sur un grand gaillard nu étalé sur le sol. Instinctivement elle se couvre les yeux à l’aide des ses deux mains. Pourtant le mal a été fait et l’image de ce gars à poil sur le sol d’une salle de bain restera à tout jamais gravé dans sa mémoire comme le genre d’événements ne se produisant qu’une fois dans une vie. Avant même que la jeune femme puisse en placer une voilà que le type lui parle du manière assez désobligeante. Très mauvaise idée. Et dire qu’elle s’apprêtait à lui demander si tout allait bien. « Tu parles mal » fait-elle remarquer un peu amère alors qu’elle entend le bruit de pas assez particuliers se répercuter sur le sol de la salle de bain. Doucement elle abaisse ses mains et a finalement de plaisir de retrouver son camarade assis sur le lavabo drapé dans une serviette d’un blanc immaculé. « J’étais prête à m’excuser d’avoir débarqué ici un peu à l’improviste mais puisque ton comportement laisse à désirer je vais garder mes excuses pour moi-même » déclare-t-elle mettant enfin des mots sur ses sentiments. Étalé sur le sol ou non, habillé ou nu, prothèse ou pas, il n’avait pas d’excuses pour s’en prendre à la jeune femme. « Mais bon j’espère juste que tu ne t’es pas fait mal et que tu te remettras vite de cette chute » . En grand prince Bianka adresse un sourire rassurant de circonstance à l’échoué de la salle de bain. N’oubliant pas ce pourquoi elle est là, la jeune femme se glisse subtilement vers un lavabo prêt de son voisin. Attrapant au vol sa brosse à dent, elle manque de s’étouffer en entendant la nouvelle question du brun. « Absolument pas » répond-t-elle l’air de rien en ouvrant les vannes du robinet avant de s’asperger le visage d’eau glacée. Armée d’une serviette pour essuyer son visage elle ajoute même. « Si tu veux tout savoir j’ai pour habitude de me lever très tôt afin d’aller m’entraîner » . Qu’il s’en fiche de ce qu’elle lui raconte est loin d’être son problème. Coupant court à la discussion la jeune femme commence sans cérémonies à se brosser les dents et laisse à son camarade l’occasion de remettre s prothèse dignement. Une fois les trois minutes réglementaires passées elle se tourne à nouveau vers Sander. « Tu n’es pas tombé sur la tête au moins ? » s’enquit-elle soucieuse de ne pas avoir à gérer un traumatisme crânien de si bon matin lui offrant par ailleurs un sourire bienveillant en signe de trêve.  

Se faire aboyer dessus de si bon matin ne faisait définitivement pas parti de ses plans, elle qui pensait simplement faire un petit brin de toilette éclair. C'était sans compter sur le type qu'elle vient de retrouver à poil sur le sol de la salle de bain et qui en plus se permet de passer ses nerfs sur elle. Il parle mal, tellement mal. C'est loin d'être de sa faute si les forces de l'univers ont fait en sorte de le faire tomber à poil dans la salle de bain pile au moment où Bianka s'apprête à débarquer.  Apparemment Sander n’a pas l’air très content puisqu’elle parle comme sa mère. Pas de sa faute si le monsieur a besoin de se faire réprimander à son grand âge. Et puis il peut s’estimer heureux que Bianka ne se décide pas à se mettre dans la peau de sa propre mère. Pas sûre que les méthodes employées plaisent à ce grand gaillard ou à qui que ce soit, elle s’abstient. Bianka c’est pas la gentillesse incarnée et pourtant elle était prête à s’excuser de s’être incrustée dans la salle de bain. Sauf que Sander il en a rien à carrer et rejette assez violemment chaque mots sortant de la bouche de l’argentine. « T’es hargneux » constate-t-elle un peu dépitée par l’agressivité injustifiée de son camarade. Ce n’est même pas un reproche de sa part, juste une amère constatation. Il y a bien trop de rage et de rancoeur dans le corps de l’homme qui lui tient compagnie qu’elle se dit qu’il ne faut pas trop le pousser. Elle se doit bien que cette colère a quelque chose à voir avec le fait qu’elle vient de le surprendre dans un moment de vulnérabilité et qu’il ne cherche pas à inspirer la pitié. Alors sa pitié à Bianka il ne l’aura pas. Après tout c’est son droit d’être ici, elle a des choses à faire avant d’aller s’entraîner. « Tu sais quoi ? Je vais te laisser le temps de te calmer pendant que je me brosse les dents. Je te demande même pas de me sourire juste d’être correct. » . Pendant trois minutes le silence règne et seul le bruit de sa brosse à dent chatouillant son émail se fait entendre. Il y a quelque chose d’assez reposant derrière cette accalmie, quelque chose qui la pousse à s’inquiéter de l’état de son camarade. Mais il n’a rien, pas de chute sur la tête ou de traumatismes crâniens à soigner. Peut être un bleu sur les fesses à la limite. « Oh mais c’est qu’il me sourit maintenant » s’émerveille-t-elle en apercevant le petit miracle de sa matinée. « J’adore ». Elle n’a pas du tout l’impression d’en faire trop. Non, non. Il y a quelque chose de fantastique dans le fait que Sander lui sourit et ne cherche plus à la balancer par la fenêtre. « Vu que tu es soudainement devenu gentil avec moi, je te promets de ne pas raconter cette mésaventure au confessionnal ni de m’étendre 107 ans sur le fait que j’ai vu le fessier de l’homme au « bon fessier ». Tant pis pour ces milliers de femmes qui n’attendaient que ça. » plaisante-t-elle même s’il y a une énorme part de sincérité dans tout ça. Pas question de parler de cette histoire devant qui que ce soit. Le sujet de la conversation dérive sur l’emploi du temps de la brune et ses fameux entraînements. « Je fais de la danse. De la danse en couple. J’ai pas vraiment mon binôme sous la main en ce moment pour pratiquer mon art comme je le souhaite mais je fais en sorte de garder mon corps souple et en forme. . Il est primordial pour elle de garder toutes les chances de ce côté au cas où ANTM ne soit qu’un échec et une erreur de parcours. « Et toi ? Pourquoi tu es debout si tôt ? » s’enquit-elle, curieuse de savoir ce qu’il avait d’intéressant à lui raconter.    

Bianka a clairement d’autres choses à faire que de se prendre la tête au petit matin avec un type qu’elle connaît à peine. Elle prend la décision de le laisser se calmer et de redescendre un peu. Son énergie, elle préfère la conserver pour des choses vraiment utiles comme danser. Sans lui laisser le choix, elle lui coupe toute possibilité de discussion en commençant à se brosser les dents. Ces trois minutes de répits devraient lui suffire. Un pari s’avérant gagnant puisqu’à son retour il la gratifie même d’un sourire. Alors elle le charrie parce qu’elle ne sait faire que ça mais le grognon Sander n’est jamais très loin. « Je l’ai amplement mérité ce sourire. Tu ne penses pas ? » demande-t-elle un peu malicieuse. Elle s’est écrasée et n’a promis de ne rien dire, un vrai petit ange en somme. Alors si elle a envie de parler de son sourire toute la journée, elle fera. Il la remercie mais pour elle, tout est normal. Elle ne voit pas l’intérêt d’aller raconter cette rencontre malencontreuse au confessionnal. A quoi bon ? « Elles ne méritent pas ce privilège de toute façon. ». Sujet clos. Curieux, Sander semble vouloir savoir ce qu’elle fait debout si tôt et elle arrive à capter son attention lorsqu’elle parle de son entraînement quotidien. Un sujet de conversation neutre, bien loin de la tension des minutes précédentes. Parfait. « C’est mon métier. Enfin ça l’était avant que ... ». Avant qu’elle ne plaque tout pour tenter sa chance ici ? Totalement. Elle n’aime pas vraiment parler de sa carrière de danseuse au passé, elle ne réalise toujours pas. « Bref » se reprend-t-elle en le gratifiant d’un sourire éclatant. Elle n’est pas encore trop à l’aise à l’idée de revenir sur son passé de danseuse. Il est là, il existe, c’est tout ce que Sander a besoin de savoir. La raison de sa présence dans la salle de bain interpelle Bianka qui ne se gêne pas pour lui demander. La jeune femme lui offre un regard compatissant quand il lui avoue qu’il se lève aux aurores pour ne croiser personne dans la salle de bain. « Si ça peut te rassurer, tu es la seule personne que j’ai croisé depuis le début de cette semaine ». Pas de risque de croiser une foule de lève-tôt à cette heure-ci. Il peut continuer à venir à ce moment-là si c’est nécessaire. «Je ferai attention la prochaine fois, je ne tiens pas à ce que ce fâcheux incident se reproduise. » lui assure-t-elle. C’est vrai qu’elle n’a pas l’habitude de cette vie en communauté, il lui faudra encore quelques temps pour faire attention aux autres. Mais s’il faut qu’elle écoute à la porte de la salle de bain pour s’assurer que Sander ne soit pas présent alors elle le fera. « Ça ne serait pas moins dangereux de prendre un bain ? » se hasarde-t-elle à demander pas vraiment sûre d’elle. Elle dit sûrement une grosse connerie. Elle en est certaine. « Non laisse tomber, c’est sûrement stupide. ». Elle n’en sait rien à vrai dire, elle ne veut pas l’offenser ni même le remettre en colère.

Si elle veut un câlin en prime de son sourire ? Disons qu’elle ne l’aurait pas démérité après s’être gentillement écrasé au lieu de rentrer dans le tas comme elle aime si bien le faire. De toute façon elle ne tenait pas à ce que Sander lui jette sa prothèse à la figure sous le coup de la colère alors mieux valait-il qu’elle se taise un petit peu. « Non on en est pas encore à ce stade là dans notre relation » explique-t-elle d’un ton empreint de sérieux. De toute façon , elle est pas fan des démonstrations d’affection avec de parfait inconnus. Surtout qu’ils étaient sur le point de s’arracher la tête il y a de cela quelques minutes. C’est vrai que lorsque Bianka parle de la danse elle ne finit pas sa phrase ce qui a le don d’intriguer Sander qui cherche à creuser un peu plus et de connaître les raisons de cette fin de carrière. Un changement de vie ? Une blessure ? Deux hypothèses totalement plausibles. « Première option » répond-t-elle sans rien ajouter de plus. De toute manière, il n’y a pas grand chose à dire de plus sur le sujet. Elle a tout abandonné pour le monde de la mode, point final. Sauf que la danse elle a un peu de mal à l’oublier ce qui explique pourquoi elle est debout si tôt alors que son camarade lui fuit l’idée de prendre sa douche en communauté. Compréhensible, il n’a sûrement pas très envie qu’on le voit à ce moment là. Quoi qu’il en soit, Bianka fera plus attention dorénavant et Sander lui assure que plus jamais ce type d’incident ne se reproduira. Bianka sourit. « Et tu comptes faire quoi pour que ça ne reproduise pas ? Bloquer l’accès à la porte ? Mettre un post-it à l’entrée de la pièce ? Mettre une serviette sur le sol ? » demande-t-elle d’un ton léger et pourtant emprunt de curiosité. Nul doute que son camarade va redoubler d’ingéniosité pour que cet incident ne se reproduise plus. Son interlocuteur capte à nouveau son attention lorsqu’il évoque des figures à 20 mètres du sol. Décidément cet homme est plein de surprise. « Des figures vraiment ? » demande-t-elle un peu abasourdie par cette nouvelle révélation. Elle était à mille lieux de se douter que son truc à lui c’était les sports extrêmes. « Tu faisais quoi du coup ? Du moto-cross ? Du plongeon ? ». Ses suggestions sont toutes plus ou moins plausibles mème si elle imagine mal Sander en mini slip de bain prêt à faire des triples saltos. « Oh laisse moi deviner ... un truc du genre skate ou roller acrobatique ? » se hasarde-t-elle vraiment curieuse de savoir ce qui passionnait autant l’homme qui lui faisait face. « Au vu de ce qu’il s’est passé ce matin, je dirais que la baignoire vient de marquer des points ». Clairement au moins il ne prenait pas le risque de se fendre le crâne en deux pour sortir ce qui représentait en soit un énorme avantage. « Mais bon comme t’as l’air d’être un homme qui aime le risque » glisse-t-elle subtilement en haussant les épaules l’air de rien.