BEAUTIFUL DAY #10H09 - le 14/03/18 - w/@BAZIL
Profiter et le mettre de coté. Ou du moins le porter avec force et fierté. Mon coeur est triste, mais j’imagine qu’il s’agit d’une simple adaptation. En sept ans, je n’ai jamais été aussi longtemps loin de mon garçon. C’est compliqué, au début. Je pense à lui, le jour, la nuit. Il doit être mon moteur, je dois réussir à transformer ce manque en atout. Ce n’est pas encore le cas. Alors je me suis donné pour objectif de faire la première chose qui me passe par la tête le matin. De ne surtout pas suivre un ordre établie par les habitudes et les conventions. J’ai le ventre vide, mais mon esprit veut la piscine au lieu des croissants. Alors ce sera la piscine. Je prend quand même le temps de me débarrasser de la sueur de la nuit, une douche rapide et le bikini vient couvrir ma nudité. Je me suis levé tard, je crois que ce lit me rend folle, il me retient dans ses draps, je n’arrive pas à m’en défaire. La piscine, revenons à la piscine. Mon ensemble noir, bordé de motifs ethniques blancs, sera parfait pour une mâtiné de tranquillité. Ces boucles s’imposent à mon visage et y a des matins comme ça où je n’ai qu’une envie c’est de les faire disparaître. Arrivé près du grand bassin, je prend le temps de les attacher en un chignon maladroit. Je remarque alors la présence d’un candidat, tranquillement installé sur un transat. Je lui fait signe de la main, un bonjour tranquille. Pas la force de parler. Un plongeon directe ne laisse pas place à la conversation de toute façon. Je remonte à la surface, naïade afro-américaine. L’eau qui glisse sur la peau de miel, me fait un bien fou. Je savais que je devais suivre mon instinct. Celui qui m’a dicté qu’aujourd’hui serait le jour de la piscine. Jimmy s’amuserait tellement dans le turquoise du bassin. Je sais ce que vous pensez, mais cette fois cette idée me rend heureuse de l’imaginer à barboter et à éclabousser tout le monde autour de lui. La tête toujours hors de l’eau, le sourire jusqu’au zénith, j’entame quelques brasses maladroite. J’ai appris à nager j’étais déjà adulte, j’ai pas la confiance des gamins qu’on a poussé dès tout petit dans le grand bassin. Mais j’aime l’eau, je suis dans mon élément.

Los Angeles est à des lieux de l’Angleterre, autant au niveau de la distance que de la température. Ici, le soleil brille de milles feux, alors que là-bas, chez lui, c’est à peine s’il parvient à transpercer l’épais couvert de nuages. L’éclat de l’astre en est même éblouissant, en ce premier matin dans la villa, mais Bazil ne peut résister à l’attraction qu’il exerce sur lui. Il n’a jamais réellement l’occasion d’en profiter, entre ses cours à l’université, et les nombreuses heures passées, enfermé dans l’atelier de réparation, au musée où il travaille aussi. Il n’a pas très bien dormi, la nuit dernière. Il a vu les minutes et les secondes s’écoulés sur sa montre, il a compté les lignes au plafond de sa chambre, il a changé mille et une fois de position, s’inquiétant constamment de réveiller l’autre qui dormait à ses côtés.  C’est finalement le piaillement matinal de ses colocataires qui l’ont tiré de son court repos, et résigné, il a préféré sortir du lit plutôt que de s’y attarder. S’empressant d’aller prendre une douche avant que la salle de bain ne soit envahie, il bifurqua ensuite vers la cuisine pour attraper de quoi manger. Il se contenta d’attraper une bouteille d’eau, ainsi qu’une orange énorme qui comblerait surement sa faim, ne serait-ce que jusqu’à l’heure du midi. Les rayons qui filtraient à travers les rideaux le convainquirent d’aller s’installer dehors et c’est aux abords de la piscine qu’il choisit de se poser. L’endroit est tranquille, pour le moment, et ça lui convient parfaitement. Rapidement, il déguste son petit déjeuner improvisé, puis, étouffant un bâillement du revers de la main, il décide de s’allonger, pour tenter de roupiller un peu. Lorsqu’il s’éveille, c’est le regard d’une candidate à la chevelure en bataille qu’il croisse, alors qu’elle s’efforce de la contrôler en un chignon imparfait, mais qui fait amplement l’affaire. Elle le salue poliment et il lui rend son geste, avant qu’elle ne disparaisse dans l’eau dans un élégant plongeon. Quand sa tête remonte à la surface, c’est un sourire radieux qui habite son visage, et Bazil sent sa bouche qui s’étire aussi. La voir ainsi nager lui donne presque l’envie de la rejoindre, mais sa tenue ne s’y prête pas vraiment. Bazil s’approche néanmoins du bassin d’eau, s’installant sur son rebord afin d’y tremper ses pieds et ses jambes, remontant ses jeans plus haut que ses genoux, pour ne pas les tremper. La chaleur de l’eau à ce petit quelque chose de réconfortant, d’enveloppant.

La petite naïade à le sourire. C’était pas gagné pourtant. Je me suis levé, la tête dans le brouillard et le coeur lourd comme jamais. Il me fallait quelque chose pour devenir toute légère et retrouver ma légendaire bonne humeur. Celle qui fait sourire, celle qui donne envie de rire. Un plongeon dans la piscine et le tour est joué. L’eau qui glisse sur la peau, chlore qui me chatouille le nez et ces boucles qui se plaque sur le haut de ma tête, ça me rend heureuse. J’ai l’impression d’être transporté dans une tranche de ma vie à la maison. Un été à la piscine municipale, Jimmy qui saute du rebord et qui éclabousse tout le monde sur son passage. Son petit rire satisfait de lui même et ses grands yeux rieurs. Ça me transporte de joie. On ne née pas mère, la femme n’est pas faite pour être exclusivement mère. Ce n’est pas parce que la nature à voulut qu’elle puisse porter un enfant, qu’une femme se sent automatiquement attirée par la maternité. Je ne savais même pas ce que c’était la maternité quand je suis tombée enceinte. J’ai passé neufs mois horribles et à l’instant où mes yeux se sont posés sur ce petit gars, j’étais heureuse. Mais je n’étais pas mère pour autant. Je lui suis devenue, petit à petit. A force de guérir les bobos, de calmer les maux. Alors ouais aujourd’hui, je suis maman. Mais je suis femme avant tout. Et fière de moi. Mon sourire contagieux s’installe sur les lèvres du mec qui se repose tranquille sur le transat. Je l’observe du coin de l’oeil, pendant que ma brasse maladroite m’amène à l’autre bout de la piscine. Il se déplace, et s’installe sur le rebord. Les pieds dans l’eau, le jean retroussé. Demi-tour. Je me dirige lentement vers lui, toujours souriante. « Va me falloir encore quelques brasses avant de participer aux JO. » Autodérision, je dois être ridicule. Mon fils à sut nager avant moi, c’est pour dire. « Tu sais que le jean n’est pas une tenue de piscine ? » Je le taquine, en observant les plis que remonte jusqu’à ses genoux. Je lui tends la main, une idée derrière la tête. Je fais comme si je voulais lui serrer la main, une chose que je ne fais genre JAMAIS. Je suis plus bise, accolade ou distance. Selon la situation. « Moi c’est Genesis et toi ? » Tombera-t-il dans le piège ?