Il est venu le temps du premier photoshoot. Après les difficultés accumulés lors du premier challenge, je suis plus que motivé. D’autant plus que la thématique de la piscine me plait bien. Cela me rappelle les quelques photoshoots que j’ai fait, il y a déjà de ça quelques temps, au bord de l’eau, aux îles Féroé. Vêtu d’un short de bain et d’un marcel blanc. Je m’immerge, quand vient mon tour, dans l’eau de la piscine face au photographe, un dénommé Cesare Abruzzo. Un peu stressé pour la première photo, je tente de me détendre. Je plonge ma tête dans l’eau, balance mes cheveux en arrière, souris et prends la pose. Au final, c’est plus instinctif que ce que j’aurai cru de prime abord. J’espère juste que le cliché conviendra au photographe. Au pire pas grave, on dira que c’était un coup d’essai.

Comme je m’y attends, cette photo n’est pas une complète réussite. En même temps, je ne me suis pas encore totalement lâché. Déchirant très légèrement le haut de mon marcel pour apporter un côté un peu plus rock à ma tenue. Je plonge au fond de la piscine avant de remonter à la surface d’une impulsion avec le pied. Je décolle légèrement et en profite sur l’instant pour sourire à l’appareil photo. J’ai l’impression d’être un triton. Vous savez, l’équivalent des sirènes au masculin.  Je suis totalement déchainé, motivé par le coach et ses encouragements. Je joue avec mes cheveux, avec ma musculature, histoire sur cette photo d’être au top et de montrer ce dont je suis capable.

Déjà deux échecs, Cesare semble commencer à s’agacer. Je ne désespère pas. Pour ce troisième shoot, j’ai une nouvelle idée. Je pars d’un bord de la piscine et me met à courir au ralenti, en direction de l’appareil photo.  À l’image d’une célèbre série télé, tout en courant je balance mes cheveux un peu dans tous les sens. Je m’en fou d’être ridicule. Je m’amuse. Ce qui est, pour moi, le plus important. Pour la première fois depuis le début du jeu, j’ai l’impression d’être dans mon élément. Je déchaine la bête sauvage qu’il y a en moi en espérant que cette explosion d’énergie convienne à Cesare. Je ne compte pas baisser les bras maintenant. Bien au contraire,
je désire même me donner à 100000%, histoire d'être au top et de remonter dans le classement.

Il fait très chaud. Je prends quelques instants, histoire de boire un coup dans le verre de citronnade que j’ai déposé sur le bord de la piscine avant la séance. Puis je retourne au travail. Je n’ai pas envie de passer pour un moins que rien, bien au contraire. Suivant les conseils du photographe, une nouvelle idée me vient en tête. Je me place alors dans la partie, la moins profonde de la piscine et commence à enchainer des pompes en gardant la tête hors de l’eau. À mon avis, l’image rend bien, on a bien l’homme en pleine effort, le rappelle à la piscine et ce côté sportif fait un rappel à mon marcel qui est plus transparent que blanc maintenant. On commence même à voir mes tatouages aux travers, ce qui n’est pas pour me déplaire. Cela donne un petit quelque chose en plus et devrait plaire au photographe.

Je commence à vraiment fatiguer. Il fait très chaud et je me donne tellement à fond que je finis par transpirer. Si je n’étais pas dans l’eau, je serai déjà mort. Pour autant je n’arrête pas et pars pour une nouvelle prise. Je grimpe sur le bord de la piscine, plonge dans l’eau et remonte à la verticale éclaboussant tout autour de moi. Dans les airs, je déchire un peu plus mon marcel d’une main, l’autre dans les cheveux, déterminé à montrer mon maximum. Ce photoshoot, je le sens bien. Je n’ai pas envie de décevoir le professionnel qui vient ici pour nous, ni même le jury qui donnera son verdict dimanche soir lors du second panel. Tel un lion dans l’arène, je me lâche et ne contrôle plus rien. Je donne mon maximum, croisant les doigts pour que, cette fois, cela passe.