RANDOM #23h09 - le 11/03/18 -  w/@izzy
Ma robe rouge toujours sur le dos, je me rendais compte que la production avait fait en sorte que chaque moment passé ici soit de l’ordre de la bataille des égo. J’étais bien entendu prête à me battre, becs et ongles pour prouver que ma place été dans cette villa, dans cette émission. Mais il fallait dire que certaines choses me semblaient tellement dérisoires. Un lit, ce n’est qu’un lit non ? Au pire il y a toujours le canapé. Mes talons hauts résonnent sur le marbre de l’entrée, je dois dire que je suis quand même bluffé. Je n’ose pas l’avouer parce que ça me semble tellement stupide d’ouvrir la bouche bée face à un décors qui n’est pas fait pour durer. Oui, dans mon imaginaire, dans mon quotidien, je ne suis pas faite pour ce genre de grandeur. Je sais que j’aspire à mieux, mais cette villa est un condensé de trop. Trop de lumière, trop de marbre, trop de plantes, trop de luxe. Bizarrement quand mes bras fatigués se mettent à hisser mes valise jusqu’au deuxième étage, je me demande si c’était juste pas assez que j’aurais dut penser. Un ascenseur ? C’était hors budget peut être ? C’est sûr, que de mettre de l’or sur les poignées de portes c’était plus important. Le souffle à peine court, une fois arrivé à l’étage je fais rouler mes deux valises jusqu’au bout du couloir où éclos un grand dressing arrondis. Une douleur fourbe vient lacérer mes chevilles, il est temps de retirer ces chaussures. Pourtant habitué à en porter toute la nuit, ce modèle neuf à le dont de me couper la circulation du sang. Dans un soupire las, j’inspire mon postérieur sur les banquettes et sans aucune délicatesse mes chaussures de tortures. Mes pouces délicats viennent chatouiller la plante de mes pieds, un petit massage bien mérité qui réveille les cellules de mon épiderme. La pièce est calme, je pensais que tout le monde allait en profiter pour ranger ses affaires, il est encore tôt après tout. Je vais me contenter d’aligner quelques chaussures et de sortir les deux trois robes sensibles qui pourraient se froisser. Se vexer de rester enfermer. Le zip de la fermeture, teinte dans un bruit légèrement métallique qui me distrait quelque peu des pas feutrés qui s’enfonce dans la moquette. Du coin de l’oeil j’observe la paire de chaussure qui s’impose face à moi. L’œil curieux, je remonte jusqu’au jean et reconnaît rapidement la morphologie de mon « pote » de chambre. Dans un flash, un petit rictus s’installe sur mon visage, puis disparaît aussi vite. « Tu viens ranger tes deux tee-shirts qui se battent en duel ? » Je le taquine, private joke des réseaux sociaux. J’ai entendu dire qu’il préférait l’habit d’adam. Les chemises, les tee-shirts c’est trop pour lui, ça pourrait abîmer la pulpe de ses muscles.

La vérité, c'est que je n'avais pas grand chose à moi. Je vivais encore chez mes parents, je n'avais pour ainsi dire jamais eu la nécessité jusqu'ici de me trouver un studio. Il faut dire que mon quotidien, aussi différent qu'il pouvait être de celui-ci, m'allait particulièrement bien. J'avais l'impression de perdre tous mes repères par ici, et que le moindre mot que je pourrais dire risquerait d'être mal interprété. Je savais que j'avais encore pas mal de choses à apprendre, et que j'étais également ici pour ouvrir les yeux sur le monde et me faire mon propre réel jugement. J'avouais facilement avoir une vision assez mitigée du monde de la mode, principalement parce que mes parents trouvaient le tout assez futile et pas franchement réaliste. Ils m'encourageaient mais pensaient que beaucoup de professionnels de ce milieu n'était que des lunatiques accroc à la meth. Les créatifs avaient toujours eu une réputation plutôt folklorique par chez moi. Je n'étais d'ailleurs pas bien original lorsque l'on y pensait, mon style était plutôt classique, je n'apportais une attention à mes vêtements que lorsqu'il le fallait. Par là, je n'entendais pas que j'étais mal habillé, non, simplement que mon style ne se démarquait pas d'une masse. Seuls mes yeux semblaient réellement attirer l'attention. Arrivant dans le dressing avec ma valise que je soulevais d'une main, Genesis m'interpelait rapidement, me taquinant sur un échangé que l'on avait pu avoir par le passé. « Deux tee shirts ? Non, je n'ai apporté que celui que j'ai sur moi, je me suis dit qu'il tiendrait bien quelques semaines sans trop jaunir. » m'amusais-je alors que j'ouvrais ma valise, commençant à placer quelques vêtements sur l'une des étagères. « T'en penses quoi toi, de tout ça, jusqu'ici ? » ma question paraissait légèrement vague à vrai dire. Mais elle était plutôt spécifique à mon sens, puisqu'il s'agissait de recueillir les premières impressions de ma camarade. Etais-je le seul à être déboussolé ? J'avais l'impression d'être pris de court, sur un chemin que j'avais pourtant choisi de mon plein grès.

Je préfère m’occuper de certaines choses maintenant, plutôt que d’y penser toute la nuit. Je suis pas maniaque ou quoi, mais y a des trucs ce serait bête de les laisser se produire si on a les moyens de les éviter. Comme par exemple de froisser les deux trois robes sensible de mes valises. Et puis ça repoussait l’heure du coucher, sans devoir passer trop de temps en compagnie des gens de ma chambre. Ils ont l’air cool, c’est pas ça. C’est juste que la nostalgie c’est déjà emparé de mon coeur et j’ai pas envie qu’on me pense faible ou qu’on profite de la situation pour me chambrer. Alors, autant évité leur compagnie et m’occuper de ces robes. La compagnie s’invite à moi, je me doutais que je n’allais pas être la seule à vouloir défaire mes valises. Mais je me dis que la conversation n’est pas tellement utilise dans ce genre d’exercice. Puis je reconnais les chaussures et le pantalon de mon voisin de lit, de mon compagnon de casting. Il ne me lâche plus. Lui, je peux lui parler. Enfin on a assez d’historique pour pouvoir blaguer et divaguer sur des choses futiles. D’autre voudraient certainement faire des présentations d’usage et disséquer ton âme. Voir la couleur de tes entrailles et s’en repaître diaboliquement. « Oh, eh bien je crois que tu vas changer de lit. » Moue faussement dégoûté à l’appuie. Le tee-shirt jaune, je l’imagine très bien se décomposer à commencer par la zone sous les aisselles. Tout bonnement inacceptable. « Je te prêterais quelques tee-shirts, parce que là c’est pas possible. » Je garantis pas que la taille soit adéquate. La situation pourrait être très drôle, lui essayant de faire passer un de mes petits tee-shirt taille S. Ça ma rappelle une scène de Friends. Une question plus sérieuse s’impose à Izzy, je l’observe du coin de l’oeil et remarque tout de suite qu’il attend une véritable réponse. Finit les futilités. Il va falloir rentrer dans le vif du sujet. Qu’est-ce que j’en pense de tout ça ? Hum, mon regard se pose automatiquement sur une des caméras. Je veux pas passer pour ingrate ou quoi, mais bon. J’ai tendance à dire ce que je pense, peut importe qui pourrait regarder. « Je suis très contente d’être ici, je pense que c’est même une chance. Je crois les doigts pour qu’à la sortie ça me change le quotidien. » Mais, parce qu’il y a toujours un mais. « Mais c’est pas un peu trop tout ça ? Les dorures, les putains de lustre en cristal… Cette villa est superbe, mais étouffante. » Je gratte délicatement le bout du nez, tordant ma bouche dans une expression d’inquiétude. « J’ai l’impression que tout ici me rejette. » Les murs, les tableaux, les tapis, les portes …. Je suis une fille simple, qui vient d’une ville simple de Louisiane et qui s’est installée dans les quartiers sensibles de L.A. « Et pourtant... » Je souffle dans un rire stupide. « … Je sais, que je dois être là, que c’est un chemin que je devais emprunter. » Quand j’ai vu la pub pour l’émission, j’ai tout de suite compris que c’était ça que je cherchais. Je hausse les épaules, tout en mettant sur cintre un robe à sequin. « J’imagine que c’est une question d’adaptation . » Comme pour tout. J’ai mis tu temps avant de me remettre de Bâton Rouge et de me sentir bien à L.A. « Et toi ? Tes impressions ? »

La réalité était toute autre de ce que j'avais laissé entendre à la candidate. Certes, je n'avais pas des masses de vêtements, du moins pas assez pour être habillé d'une tenue différente à chaque panel, mais de là à dire que je n'avais rien d'autre qu'un simple tee shirt à porter au quotidien, non. J'avais quelques polos, quelques tee shirts, assez peu de chemises et quelques débardeurs, de quoi m'en sortir à priori. Et puis au pire des cas, je ne porterai pas de haut, de toute évidence, ça n'était pas elle qui allait s'en plaindre. Toujours est-il qu'elle n'était pas trop fan de l'idée du tee-shirt jauni par la moisissure, ce qui était assez normal à mon sens. « Je pense qu'il vaut mieux que je me balade sans haut plutôt que dans tes tee-shirts taille enfant, haha. » on ne pouvait pas dire qu'elle et moi faisions la même taille, et je n'avais pas envie de ressembler à un géant piégé dans des vêtements de minimoys, y'avait tout de même beaucoup plus flatteur, n'est ce pas ? Je lui demandais donc ce qu'elle pensait de tout... ça. cette aventure, notre présence ici, ce qui nous attendait, et ce à quoi l'on faisait face et ce sans forcément s'en rendre compte. Je pouvais voir sa tête se tourner dans la direction de l'une des caméras. La jeune femme avait l'air assez satisfaite de sa présence ici, ce qui était normal et ce même si elle trouvait le tout un peu too much. Lorsqu'elle me retournait la question, j'approuvais d'un hochement de la tête « J'ai nettement l'impression de ne pas être à ma place aussi. Cette maison, je ne sais pas encore si c'est réellement fait pour moi, et en même temps, j'ai l'impression d'être vraiment ingrat de dire ça. » passant une main dans mes cheveux, assez indécis, j'ajoutais « Mais j'ai choisi d'être ici. Je pense que je ne sais surtout pas trop dans quoi je me suis embarqué, et que j'ai besoin d'un temps d'adaptation. Si on est là, c'est que le panel croit en nos chances et voit un avenir pour nous, du coup c'est assez encourageant. J'avais juste jamais envisagé avoir un autre futur que celui dressé par mes parents jusqu'ici, du coup ça me fait bizarre, je suppose. » Mais après tout ça n'était pas forcément quelque chose de négatif, il allait surtout falloir que je profite un peu plus plutôt que je tente de tout analyser « Désolé, j'ai tendance à parler un peu trop. »