C’est un peu fou de se dire qu’il y a moins de 24 heures, elle était sur un plateau télévisé en train d’éclater des ballons de baudruche dans tous les sens. Aujourd’hui elle se réveille dans une maison immense peuplée de visages totalement inconnus. Techniquement elle est censée parler à ses gens, faire connaissance avec eux et développer des liens mais pour l’instant on peut dire que la demoiselle n’a pas vraiment fait d’efforts pour se sociabiliser. Ce n’est pas qu’elle n’a pas envie, c’est juste que tout est arrivé beaucoup trop vite pour elle si bien qu’elle n’a pris le temps de discuter qu’avec ses camarades de chambrée. Le plus clair de sa journée elle l’a ensuite passé à explorer les moindres recoins de cette immense villa si bien que le luxe dans lequel ils sont tous logés a bien fini par lui tourner la tête. Elle n’a jamais eu le droit à tout cela. Jamais son regard n’a eu l’occasion de se poser sur des choses aussi jolies et chères et ce même si sa jolie carrière d’étoile montante de la scène argentine lui a permit de visiter des lieux improbables. Ce n’est en rien comparable. Ici c’est l’excès, la démesure et l’oisiveté. Elle échoue finalement dans sa propre chambre où elle retrouve une de ses camarades l’espace de quelques instants avant que celle-ci ne s’excuse en direction du dressing. Allongée sur son lit, désormais seule âme dans la pièce, elle fixe le plafond d’un air mélancolique avant de chasser ce sentiment d’un geste de la main. Pas de place pour les états d’âme, il faut absolument qu’elle rejoigne sa camarade de chambrée dans le dressing. Elle a quelque chose à lui demander. De sa démarche aérienne la brune se glisse jusqu’au dressing où elle ne prend même pas la peine de regarder si elles sont plus que deux avant de lancer. « Dis Liv, je me demandais ... » . Elle est coupée nette dans son élan en se rendant compte que : Liv n’est pas là mais qu’un autre candidat à décider de squatter le dressing. Un brun au visage anguleux et à la beauté froide se trouve en plein milieu du dressing, l’air un peu coupable comme si elle venait de le prendre sur le fait. « Tu n’est pas Liv » glisse-t-elle en refermant la porte derrière elle. Elle approche de quelques pas laissant la douce matière de la moquette chatouiller ses pieds nus. « Si tu n’es pas Liv, qui es-tu et qu’as-tu fais d’elle ? » finir-elle par demander suspicieusement, un léger froncement de sourcils habille son regard. Elle ne peut pas occulter le fait que le type semblait avoir été pris sur le fait lors de son entrée.