cette bibliothèque, il y passe beaucoup, sans trop se poser de questions. il a été étonnée, d'abord, de la découvrir là, et pas pleine uniquement d'anciens numéros de vogue. peut-être s'y plairait-il, au fond, dans cette maison, s'il n'y avait pas ces caméras. si elle n'était pas si grande. si elle n'était composée que de cette pièce. il est plus à son aise au milieu des pages que des gens, c'est une règle simple, une façon qu'il a eu de se construire. les mots lui échappent s'ils ne sont pas sur une page, s'il ne peut pas esquisser un geste pour les attraper au vol. mais quelqu'un d'autre est installé déjà dans son repère. il n'aura plus qu'à s'éclipser pour en trouver un autre. le cellier. probablement. entre deux machines plus ou moins en marche. là, il sera plus ou moins tranquille, ou tout du moins, ne dérangera personne. mais il lui faut bien un nouvel ouvrage avant. ou plutôt ce qu'il était venu chercher. c'est qu'on vient vite au bout de poèmes, quoi qu'on puisse en faire, à les retourner dans tous les sens. et qu'ils sont une pause nécessaire dans des lectures plus longues, sans forcément être complexes. le temps d'en digérer un peu, et de ne penser qu'émotions. et si la pièce est occupée, il avance sans bruit vers les les rayonnages, pour ne pas déranger celui qui lit déjà. sans un mot quand il pose quelques livres sur un coin de la table. il viendra a bout de plus d'un, il en est certain, mais il ne les sortira pas tous en même temps. mais l'équilibre est instable, même s'il n'y en a que trois. car pour se faire petit, pour ne pas prendre de place, il les entasse à demi dans le vide, pour partir chercher un recueil illustré autour d'une belle noyée, l'ophelia de millais sur la couverture. et l'inévitable arrive, alors qu'il est dos à sa pile de livres à feuilleter, les voilà qui tombent à grand bruit. vu son soin envers ces livres, envers ses pages, il est réactif. le bruit entraîne son bras devant son visage par réflexe, mais ce n'est qu'une seconde avant qu'il ne fonde à terre pour les reprendre, et se fonde en excuses. « désolé-je-le bruit-je-c'était pas exprès... je voulais pas-uh-déranger, vraiment ?» il s'en veut, même si les livres ne sont pas abîmés, de l'avoir tiré de ce qu'il se perdait dans son livre à lui. étudiait peut-être. on vient ici pour le calme après tout, probablement, et voilà quelque chose qu'il a cassé, même à voix basses, mêmes avec les meilleures intentions du monde.