Cesare, il ne sait pas vraiment quoi en passer. Il y a eu des hauts, des bas, mais jusqu’à maintenant l’encéphalogramme de l’intérêt qu’il porte à l’égard de ce qui passe sous son objectif fait un peu la gueule. C’est plat. Ce n’est pas ce qu’il attend. Il y a une blonde qui débarque et il lui adresse un vague mouvement de la tête peu inspiré au moment où elle se met en place. Le maillot de bain est sympa, c’est déjà ça, façon Brigitte Bardot s’en va faire trempette. Pour le moment, c’est un peu Le Mépris au fond de la tête de Cesare. Sauf que là où c’est beau, là où il se rend compte de la dimension hautement passionnelle et charnelle qu’il entretient avec son travail, c’est qu’à peine commence-t-il à bosser, que ça fonctionne tout de suite. Du mépris, on passe tout de suite à un je m’épris. De toute façon, il a toujours aimé les blondes, les Brigitte qui te demande si tu kiffes leurs fesses parce que ouais bordel, il les adore et il n’aurait pas hésité à piquer la réplique de Michel Piccoli pour le faire savoir à la première intéressée. Il se penche vers son assistante pour demander le nom de la candidate. Il ne les connait pas tous. Pour être plus exact, il n’en connait aucun, à l’exception des récentes têtes d’affiches qui ont su se démarquer dans la compétition. Liv qu’on lui répond, il en prend note mentalement. Parce que cette meuf, c’est un peu l’amphétamine qui manquait à ce début de shooting. L’agent psychostimulant qui vient agiter ses molécules et lui file un regain d’intérêt pour les autres candidats qui se profilent en espérant tomber sur de nouvelles perles qui saisiront aussi rapidement que la jeune femme ce qui l’anime et ce qu’il attend. « Liv. » il l’interpelle en se parant d’une attitude qui se veut neutre, le regard scrutant sa trombine. Parce que faudrait pas que sa jolie petite blonde prenne trop la confiance, ça gâcherait tout. « C’était très bien, merci. » il la congédie simplement, sans rien ajouter, la laissant deviner par elle-même les raisons qui lui valent une séance écourtée par rapport au reste de ses camarades.