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'PHOTOSHOOT 01' :

Dihya redresse la tête, ses pupilles se posant sur le photographe qui lui adresse un grand geste à l’aide de ses mains, comme pour lui signifier qu’elle doit s’arrêter. Aussitôt elle tourne son attention vers Rhuan qui lui confirme la pause. Elle hoche la tête et profite du moment pour s’étirer. Ils en sont déjà à la cinquième prise. Elle lance un regard en direction du professionnel, remarquant qu’il a décidé de changer d’objectif – elle ignore ce que cela veut dire, ni quel rendu cela aura sur le cliché suivant… . Elle se redresse, aidé par l’un de ses partenaires. Elle adresse un sourire en remerciement. Puis elle se dirige rapidement vers sa gourde pour se désaltérer. Elle commence à ressentir la chaleur. Mais elle revient rapidement à sa place, quand l’un des deux garçons lui fait remarquer que le photographe en a terminé de s’affairer avec son matériel. Elle se réinstalle à sa place initiale, sur le bord de la piscine. Elle décide de changer de posture. Elle a bien compris que le fait de toucher ses partenaires ne satisfaisait pas Cesare Abruzzo. Elle étend ses jambes, sur le rebord de la piscine. Façon sirène moderne, sirène au teint halé. Sirène entourée de ses deux Ulysse. Elle lance un regard en direction de l’objectif, ses cheveux retombant légèrement. Cette fois sera la bonne… mais non, elle ne le sera pas. Elle n’est pas naïve, et elle sait qu’elle a encore beaucoup à apprendre. De la façon dont elle doit poser, dont elle doit regarder l’objectif ou non, etc. Elle n’est pas naïve, elle sait qu’il lui faudra des essais, et encore et encore. Parce qu’elle n’est que débutante, parce qu’elle est ici pour apprendre. Elle échouera peut-être encore, comme lors du challenge.

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'PHOTOSHOOT 01' :

Mais il semblerait que cela ne rendait pas bien. Elle n’est pas surprise. Elle s’y attendait à vrai dire. Elle change légèrement de position. Mieux qu’une sirène entourée de ses deux Ulysse, Calypso et ses deux Ulysse, telle que Arnold Böcklin la représente. Les accessoires en moins, le maillot une pièce en plus. Ce sera une réinterprétation personnelle de Calypso. Elle allonge l’un de ses pieds et replie l’autre vers elle. Elle laisse l’un de ses bras le long de son corps, la paume de sa main s’échauffant au contact du rebord de la piscine. Elle tourne la tête légèrement vers l’un de ses deux partenaires. Au moment de la prise de la photographie, elle retient son souffle – pour une raison qu’elle ignore d’ailleurs. Comme si une certaine appréhension commençait à ronger son corps. L’appréhension du regard des autres ou peut-être simplement celui de Cesare. Elle ne pense pas qu’elle aimerait être dans son esprit, à cet instant.

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'PHOTOSHOOT 01' :

Dihya porte aussitôt son regard en direction des deux autres hommes, non pas ses partenaires, mais bel et bien le photographe et son interprète. Elle manquerait de concentration. Elle fronce des sourcils… comment peut-il se douter de ce qu’il se trame dans son esprit à l’instant de la prise de la cliché ? Elle ne pensait avoir laissé rien transparaître pourtant… Elle hausse les épaules et adresse un air désolé. Elle promet qu’elle se concentrera de nouveau, comme elle l’a été depuis le début, malgré son inexpérience. Elle reprend sa pose, gardant l’esprit du tableau de Bocklin. Elle doit chasser ces idées qui imprègnent son esprit. Son inexpérience, son probable amateurisme – c’est sûrement ce que doit penser Cesare –, sa différence… elle doit faire abstraction de tout cela. Elle pousse un soupir, comme si ce seul souffle fera chasser ses pensées. Elle ignore. Elle pose un regard en direction d’un de ses partenaires, ses pupilles venant croiser les siennes. Un fin rictus étire ses lèvres – on lui reprochera son manque de concentration, peut-être bien.

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'PHOTOSHOOT 01' :

Dihya porte son attention en direction de Cesare ; elle a l’impression qu’il y a un problème… peut-être pas avec elle, ou peut-être que c’est elle ce problème. Quelque chose ne semble pas aller de l’autre côté de la piscine, elle le voit s’affairer autour de son appareil photo. Puis on lui adresse de nouveaux gestes, l’informant d’une pause. Elle lance un regard, tour à tout, à ses deux partenaires, leur adressant un air désolé. Elle les détaille quelques instants, en silence, en ne sourcillant pas. Elle se relève et se remet sur ses deux jambes, commençant à sentir quelques fourmillements dans ses jambes. Elle fait quelques pas, alors qu’elle sent une nouvelle présence près d’elle. Il n’y a plus ses deux partenaires, mais voilà Cesare et son interprète qui viennent. Elle croit comprendre qu le photographe a décidé de changer de place, sûrement pour un nouveau plan. Elle ne s’y connait pas très bien en langage de photographe, elle doit reconnaitre. Lorsqu’on lui signale qu’ils vont reprendre, la belle métisse reprend place au bord de la piscine. Cette fois-ci, elle décide de changer de pose. Elle s’allonge sur le ventre, les deux hommes prenant place autour d’elle et pose son menton sur l’une de ses mains. Son regard ne quitte pas l’objectif, ne quittant pas cette sensualité qui brûle l’ébène de ses yeux.

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'PHOTOSHOOT 01' :

Elle commence à manquer de concentration. Comment dire que… oui. Il est vrai qu’elle commence à manquer de concentration : deux hommes, inconnus, autour d’elle, deux autres en face d’elle, sans compter les quidams qui les entourent. Elle se sent épiée, elle se sent jugée elle sait que quelque part, d’une façon ou d’une autre, on la critique. Ils viennent de capturer le neuvième cliché, il ne leur en reste plus qu’un. Un dernier. Elle a remarqué que certains avaient obtenu un cliché jugé de « parfait » par Cesare, d’autres non… mais cela ne veut pas pour autant dire que leurs clichés ne sont pas beaux, ne sont pas jolis… est-ce que la perfection existe ? Non. Elle n’existe pas. Dihya ne l’est pas. Et elle n’obtiendra jamais un cliché parfait, parce que ce n’est pas ce qu’elle recherche, ici. Elle n’est pas dans cette quête de la perfection. Peut-être que certains le sont. Pour la société, sa différence fait tâche. Elle n’oublie que ce n’est que son premier photoshooting. Elle n’a jamais eu autant de personnes autour d’elle, à s’occuper d’elle, à la parer, à l’apprêter. C’est étrange ce sentiment d’avoir autant de regards posés sur soi, juste pendant quelques instants. Le regard des autres, elle le connait ; mais elle ne connait pas ce regard nouveau qu’elle rencontre, aujourd’hui, sur le bord de la piscine. Elle accueille les remarques de Cesare avec un léger sourire. C’est étrange tout ce qu’il se passe autour d’elle, à ce jour. Elle est là aussi pour apprendre, pour apprendre à accepter ce regard qui la considère. Un regard qui ne la considère pas pour sa différence, mais pour son essence, pour ce qu’elle est. Elle reprend une pose. Après avoir gardé un visage neutre, elle laisse éclater un sourire sur son beau faciès. Un sourire venant illuminer ses traits, son regard empreint de sensualité. Un sourire mutin, jouant de la scène qui se dessine. Ce ne sera pas parfait, mais elle s’en moque bien. Ce sera imparfait, mais elle prend plaisir – et c’est qui compte avant tout, n’est-ce pas ? –. Elle ne quitte pas du regard l’objectif, pendant quelques instants. Mais avant même que le flash ne ressentisse, son attention fuit au-delà de l’objectif.