« Cesare. » il rétorque dans un simple acquiescement de la tête quand le candidat vient se présenter à lui en tout début de séance. Il l’invite à s’installer sur la chaise longue en cherchant de son côté l’angle de prise de vue qui le botte le plus pour commencer. La première pose de Bazil est un peu étrange. Naturel sur le papier, mais dans la réalité il a l’air carrément crispé pour s’en tenir à sa géométrie personnel qu’il s’est dessiné dans sa tête. « Il faut que tu sois à l’aise. Sinon tu n’arrives pas à penser à autre chose qu’à ta position, et ça se voit sur les clichés. » il lui souffle en croisant quelques secondes son regard pour lui communiquer le message. Il se détend, ça fonctionne mieux bien que rien ne transcende encorevéritablement Cesare. Il fait un signe pour interrompre momentanément le shooting, laissant Bazil dans le flou, à se démerder dans son coin. Il s’agite, se creuse la tête, profitant de cette pause pour chercher par lui-même de quelle manière il va rebondir pour la suite. Et pendant qu’il réfléchit à tout ça, sans annoncer quoi que ce soit, le photographe lui vole un cliché. Il a toujours aimé conserver un aspect naturel et pas trop travaillé dans ses séries. Il ne déconnait pas du tout quand il érigeait Kodak comme référence absolue dans le domaine de la photographie. Ils sont peut-être pour la plupart trop jeunes pour se souvenir de ce que ça faisait de saisir des petits moments ici et là pendant des vacances en famille ou à une fête d’anniversaire sans avoir la possibilité de prévoir ce qui se trouvait sur la pellicule, sans pouvoir effacer un mauvais essai, mais lui il se rappel. Combien de paires de yeux fermées au mauvais moment ? De perles inattendues découvertes alors qu’il bossait comme un con en solitaire dans une chambre noir ? C’est ça qui le fait vibrer, c’est ça qu’il espère obtenir de Bazil avant la fin de son passage. Les poses s’enchaînent, c’est correct, mais ils n’arrivent pas à fabriquer tous les deux ce petit truc en plus qui peut réellement faire décoller une photo. C’est frustrant, c’est dommage, mais ça s’arrête avant qu’ils y soient parvenus.
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