« Bonjour à tous et bienvenue à votre premier photoshoot de la saison. Pour ceux qui l’ignoraient, je suis Cesare Abruzzo. Photographe. » Cesare, ce n’est pas le genre de type qui est habitué à se présenter. Parce que Cesare, il est riche, il est reconnu, il est influent, supérieur, arrogant et il ne ressent pas le besoin de ressortir le contenu de sa page wikipedia à chaque fois qu’il rencontre une nouvelle personne. Normalement, il se fend de son prénom en guise de préambule et c’est déjà très bien. Quand t’es Cesare, le monde et les réactions des autres te présentent à ta place, parce que lui, il est typiquement le genre de personne pouvant se pointer à la porte du bar hype du moment en dégueulasse avec la gueule enfarinée et ses fringues de la veille et se voir tout de même déroulé le tapis rouge. Il marque une pause, observant les candidats qui le dévisagent. Il y en a qui ont l’air de capter que dalle, mais de toute façon on l’a briefé par avance en lui demandant de prendre le temps d’expliquer ce qu’il faisait dans la vie au moins pour les téléspectateurs. Linda lui a préparé une fiche à ce sujet. « J’ai notamment signé des campagnes publicitaires de grande envergure pour des clients tels que Kenzo, Alexander McQueen ou Nike. Je contribue de manière régulière à des magazines comme Vogue ou ma propre revue Corpuscule que j’ai lancée en 2008 et qui prône l’art underground sous toutes ses formes d’expressions. » Cesare, il s’arrête quelques secondes. Il ménage son public. Ou peut-être simplement qu’il cherche à se remettre les idées en place afin que les models encore novice dans le métier comprennent correctement sa vision de la photographie parce qu’il n’y a pas que lui qui bosse, ni eux. C’est un boulot qui se fait à plusieurs et si tu ne clarifies pas ce que tu veux faire de ce partenariat dès le début, ça ne peut pas fonctionner. « Mon travail n’est ni glamour, ni ultra-intellectualisé. Ça me gonfle de devoir évoquer une série de photo au travers de jeux de perspective compliqués ou ce genre de conneries. Je fais dans le vrai. La réalité. Avec des moments si peu écrits qu’ils semblent presque accidentels comme à l’époque où on faisait trop confiance à nos appareils Kodak faute de pouvoir se faire une idée du résultat final. J’ai connu mes premiers émois photographiques à l’adolescence, alors que je travaillais l’été dans un labo de développement. J’étais fasciné par ce qu’on nous apportait, ces clichés parfois intimes, parfois médiocres, où entre des photos de fêtes d’anniversaire ou de remises de diplôme venaient aussi se glisser des perles inattendues. » Et surtout, il n’avait jamais vu autant de paires de testicules de sa vie qu’au cours de cet été là, à croire que les clients ne se préoccupaient pas du fait que les employés des labos de développement étaient susceptibles de regarder ce qu’il y avait sur leurs photos, ce qui arrivait inévitablement qu’ils le souhaitent ou non pour en vérifier la qualité méticuleusement. « J’aime raconter une histoire, qu’il y ait une forme de hors-champ imaginaire qui se développe chez la personne qui tombera sur mon travail. En ce sens, il est assez personnel, ce qui m’amène à notre présence au bord de la piscine de votre villa. » Il y a une belle matière. La lumière est parfaite et le lieu se prête très bien pour un shooting avec un environnement varié entre le plongeoir, le rebord de la piscine contrastant avec la couleur azure de l’eau ou les transats multicolores colonisant les environs. « J’ai grandi dans le New Jersey, je vis à New York tout au long de l’année. Pour moi, Los Angeles est un univers opposé à tout ce que je connais. Il est synonyme de pool party, de farniente au bord de la piscine, de décors empreints d'une certaine « californianité ». De soleil, de moiteur, d’odeur de chlore à l’image des peintures de David Hockney qui est une vraie source d’inspiration dans mon travail. » Quelque chose de simple, de réel comme cette journée qu’il perçoit comme un épisode chaleureux dans son emploi du temps personnel. Il fait chaud, il fait beau, il se voit bien aller capturer les gouttes de sueurs loin d’être factices qui devraient finir par perler des décolletés. Ouais, la petite blonde au premier rang, c’est à toi que je pense quand je phase sur ce scénario. Peu de maquillage, marcel et maillot de bain un peu vintage pour coller à son goût de l’esprit Kodak d’antan. Il fait un signe à son assistante personnelle pour lui signifier de prendre les choses en mains. Cesare, il s’en fout de l’organisation, de qui passe avant qui. L’avantage quand tu commences à être reconnu dans le business, c’est que tu n’as plus du tout à te préoccuper de ce genre de choses. Tu te pointes avec ton idée, tes directives et ça déroule tout seul pendant que d’autres s’arrachent les cheveux de la tête pour ne pas te faire perdre ton temps. « Vous passerez à tour de rôle. Je sais que pour la plupart c’est la première fois et je suis par ailleurs ravi de vous dévierger en la matière, mais tout va bien se passer. » il débite machinalement, l’air mi-concerné, mi-j’en-ai-rien-à-branler à l’image d’un lycéen qui s’apprête à refermer la porte de la chambre du motel qu’il a réservé pour s’occuper de sa copine lors du bal de promo. « Ce qui est cool quand on photographie des gens beaux, ce que vous êtes, c’est que ça fait de belles images. Faudrait vraiment que je sois une branque pour faire de la merde, ce que je ne suis pas. Voyez avec Linda pour l’ordre de passage. » il conclue en se retournant pour briefer l’équipe sur la suite.

Le premier shooting était donc lancé, et j'étais assez surpris de voir que le tout se passait dans notre propre villa, et encore plus près de la piscine. Lorsque Sandra apparaissait à l'écran, je l'écoutais avec attention alors que bientôt le photographe arrivait sur les lieux. Cesare Abruzzo était assez reconnu pour ses photos lifestyle et fashion ce qui me fit immédiatement sourire puisque je suivais son travail depuis quelques temps déjà. Cependant je ne l'imaginais pas aussi intimidant, c'était certain. Me mordant la lèvre inférieure, il nous expliquait le contexte du shooting avant de nous indiquer les vestiaires et tout ce qui allait avec. Rapidement nous étions embarqués vers les "coulisses" du shooting et je me posais sur un siège alors qu'une maquilleuse venait passer quelques couches sur mon visage sans forcément en changer réellement les couleurs et contrastes. « Il a l'air plutôt impressionnant, tu trouves pas ? Premier shooting, j'arrive pas trop à savoir si je suis excité ou stressé. » m'adressais-je à la personne assise à côté de moi (LIBRE). Le monde s'activait rapidement autour de nous alors qu'on nous annonçait l'ordre de passage. J'étais vers le milieu, ce qui était aussi bon que mauvais. Bon car au moins, j'allais pouvoir récolter les impressions des premiers, mauvais parce qu'il y avait des chances qu'en passant au milieu, je ne marque pas l'esprit de Cesare, et ça, c'était tout ce que chacun ici n'espérait pas.

Premier photoshoot. Ils se sont réunis pour l’occasion, à l’extérieur, dans le jardin, près de la piscine. Un lieu qui la surprend quelque peu. Lors du premier challenge, ils avaient dû reprendre le bus, par exemple. Dihya tente de suivre attentivement les indications prononcées par Sandra sur l’écran. Elle n’est pas certaine d’avoir compris tout ce qui se disait. C’est alors qu’apparaît non loin d’un le premier professionnel. Cesare Abruzzo. Il est le photographe qui les dirigera, qui les prendra en photographie, mais aussi… qui leur attribuera une note à la fin de la session. Elle grimace légèrement, quand elle comprend ce détail – elle se souvient de sa note au challenge, il y a quelques jours de cela. Son regard s’arrête aussitôt en direction de son interprète qui se tient, hors champ, non loin du photographe. Un fin sourire se peint sur ses lèvres. Sa présence la rassure, étonnement. Maintenant qu’il est là, elle se sent mieux et n’a plus cette impression d’être prisonnière de sa bulle. Elle suit attentivement les informations livrées par Cesare, et interprétée par Rhuan. Elle lance alors un regard en direction de ses camarades, à ses côtés (libre). Un sourire se peint sur ses lèvres. On leur donne l’ordre de passage de chaque candidat. Dihya s’installe dans un petit coin, attendant son tour. Elle lance un regard en direction des premiers candidats qui s’apprêtent à faire leur premier photoshoot.