Il y'a deux semaines, j'ai été de très mauvais conseils envers @Dihya ce qui lui a valu une mauvaise note du panel. J'ai convenu que je me ferais pardonner, et je suis du genre à tenir parole. De l'eau à coulé sous les ponts depuis, peut être se dit elle que j'ai oublié. Ou que je suis un beau parleur et que je ne vais rien faire. Non non. Une promesse est une promesse. Seulement je me suis dis que j'allais me faire pardonner d'une façon un peu particulière. Et sûrement inattendue. Mais cela nécessite un peu de temps de ma part. Puis c'est quelque chose plutôt sur la longueur. Alors quand je croise Dihya ce matin, je pose mon bras sur le sien pour attirer son attention. Une fois qu'elle me regarde je prends la parole.  « Cela te dit d'aller faire un tour en ville ? Il paraît que je dois me faire pardonner. » Elle accepte, tant mieux.  « Prends ton maillot de bain, on sait jamais. » Une trentaine de minutes plus tard nous voilà dans un taxi direction venise beach. On marche sur l'allée le long de la plage. Je lui montre de la main un bar  « Je t'invite à boire un verre ? » On s'installe en terrasse, avec vue sur la mer. Je commande un coka, tandis qu'elle prend ce qu'elle désire. On est pas bien là ? J'attire alors l'attention de Dihya pour qu'elle se concentre sur moi. Et je me mets à signer.  « Pour me faire pardonner, j'ai décidé d'apprendre le langage des signes. » Bon alors cette phrase, je l'ai répété et apprise par cœur. Markus m'a dit que c'était bon, normalement c'est au top. Et bien oui, je me suis dis qu'apprendre à signer, ça pourrait être utile. Je pense qu'on va être amené à se côtoyer encore durant de longues semaines, voir des mois, alors elle devrait apprécier que je fasse l'effort d'apprendre. En plus il faut savoir que moi je suis du genre à m'impliquer à fond dans tout ce que j'entreprends. Donc si j'ai décidé d'apprendre, c'est pas à la légère, et genre abandonner au bout de quelques jours. Oh non. A la fin de l'émission, je serais passé maître dans l'art du langage des signes, c'est moi qui vous le dis. J'en fais une affaire personnelle. Pour l'heure, j'ai demandé quelques trucs à Markus, et j'ai regardé des vidéos sur le net. Comme cela ne fait que deux semaines, c'est sur que pour l'instant la discussion via les signes restera assez limitée.  «Qu'en penses tu ? »

Dihya dévale les escaliers pour se rendre sur la terrasse, lorsqu’elle est interrompue dans sa marche par un bras. Aussitôt, elle s’arrête et porte son attention en direction de celui qui vient de l’arrêter. Un fin sourire se peint sur ses lèvres, quand elle croise le regard de @Sander. Elle reste tout de même surprise de ce geste. Pourquoi l’arrêter ? Pour lui dire quoi ? Elle lui offre toute son attention, quand elle commence à lire sur ses lèvres. Il lui propose une sortie à l’extérieur de la villa. Peu à peu, au fil de sa lecture labiale, son sourire s’élargit, illuminant son beau faciès. Il lui indique de prendre son maillot de bain. Elle hoche hâtivement la tête, avant de lui faire un signe de la main, lui indiquant d’attendre. La belle métisse rebrousse chemin et gravite les marches de l’escalier, deux par deux, pour regagner le dressing. Elle revêt son maillot de bain une pièce, puis un mini-short en jean déchiré, elle met une serviette dans son sac à dos. Une fois apprêtée pour la sortie en compagnie de Sander, elle dévale les escaliers aussi vite qu’elle les a monté, donnant presque l’impression de courir dans les escaliers. Elle rejoint le jeune homme, en lui adressant un large sourire et quelques gestes de la main. Après avoir pris un taxi, ils arrivent sur les lieux choisis par le beau brun pour cette virée à l’extérieur de la villa. Ils marchent paisiblement le long de l’allée, alors que son attention guette le visage de l’homme. Elle détaille, silencieuse, ses traits, puis son regard croise le tien, lorsqu’il prend la parole. Elle hoche de nouveau la tête, quand il lui montre un bar. Ils prennent place sur la terrasse, autour d’une table. Lorsque le serveur se présente à eux, elle signe sa commande. Une limonade. Mais le jeune homme ne semble pas comprendre. Elle attrape la carte et désigne du doigt la boisson qu’elle désire. Son attention s’attarde, quelques instants, sur cette silhouette qui disparait à l’intérieur du bar. Elle redresse la tête en direction de Sander, quand celui pose sa main sur son bras pour attirer son attention. Elle pose sur lui un regard empreint d’interrogation et de surprise. Que veut-il lui dire ? Elle le regarde. Puis elle le voit signer… la surprise se peint sur son faciès. Il lui dit alors que pour se faire pardonner, il a décidé d’apprendre la langue des signes. « Pour te faire pardonner ? », signe-t-elle. Elle est à la fois surprise et quelque peu touchée par l’attention de son camarade de faire l’effort d’apprendre la langue des signes. Elle sait que l’apprentissage de cette langue n’est pas aisée pour les entendants, apprendre à bien coordonner leurs gestes avec leurs doigts, leurs mains, leurs bras, apprendre à devoir jouer de leur faciès pour faire passer un message, un sentiment. «  Je suis vraiment touchée, merci », signe-t-elle. Elle ne sait pas si Sander comprendra mais il pourra peut-être deviner quelques signes assez facilement, comme « moi », « touchée », « merci ». Dihya demande un stylo à l’un des serveurs, puis elle écrit sur l’une des serviettes disposées sur la table. «  Ca a dû te demander du mal, non ? », écrit-elle. « Et tu sais quoi dire d’autres ?  », gribouille-t-elle, en tendant la serviette vers lui. Elle ne peut quitter ce sourire qui s’est esquissé sur ses lèvres.

J'espère qu'elle a compris ce que j'ai signé, que je l'ai bien fais. Normalement ça devrait le faire, parce que bon, cette phrase je l'ai répété plusieurs fois. J'espère qu'elle apprécie l'effort, parce que bon mine de rien, c'est pas des plus aisés de se lancer dans l'apprentissage des signes. Ce n'est pas comme apprendre une nouvelle langue. Là il faut savoir coordonner tes gestes, associer des idées. J'hoche la tête pour confirmer lorsqu'elle répète en gros ce que je viens de dire. Elle signe de nouveau et je comprends l'essentiel, qu'elle est touchée par ce geste. Tant mieux. Elle demande alors à un serveur un style, et écrit sur une serviette. A croire qu'elle adore écrire sur les serviettes de table. Y'a le téléphone aussi mais soit. Je regarde les quelques mots. Je fais une tête en mode pfffiou pas du tout, et signe le mot « facile ». Genre c'est une chose aisée. Ce que je sais dire d'autre ? Hm. Pour l'instant, je connais surtout plein de mots, en revanche c'est plus compliqué pour faire des phrases.  « Y'a certains mots c'est facile à retenir, car c'est juste du bon sens. » Genre quand tu dis petit, bah avec ton pouce et ton index tu signifie petit. Ou le verbe savoir, tu mets ta main sur ta tempe. Alors je signe.  « Je sais plein de mots. » Et phrase, comment on dit phrase ? Hm je le dis à haute voix  « et phrases banales genre... » Les trucs qu'on t'apprend pour commencer.  « Comment tu vas ? Ravi de te rencontrer. Quel est ton nom ? » Et quelques autres.  « Tu trouves pas que je maîtrise l'art du lever de sourcil ? » que je demande amusé. Oui pour signifier une question, faut qu'un sourcil se lève. Cela se joue beaucoup par les expressions du visage aussi, ce qui paraît logique.  « J'adore apprendre. Bientôt... Le meilleur. » En toute modestie bien sur. Dans la vie j'ai besoin constamment de me trouver de nouveaux objectifs. C'est ce qui me permet de me maintenir à flots. Je m'y jette corps et âmes. Certains pourront même dire que je vire limite à l'obsessionnel.  « Oh attends ! » Y'en a une autre que je sais aussi. Nouvelle concentration.  « Tu...es...magnifique. » Évidemment fallait bien que j'apprenne un compliment ou deux. Je suis tout sourire, fier de moi.

Spoiler:

Dihya ne peut cacher que l’initiative de Sander la touche particulièrement. Si certains de ses camarade – ils sont encore rares – ont fait la démarche de lui demander qu’elle leur apprenne la langue des signes, ou du moins de leur apprendre quelques signes afin de pouvoir communiquer plus facilement avec elle, le jeune homme a décidé de l’apprendre seul, sans lui demander de l’aide. Il a sûrement dû se donner du mal. Elle sait que ceux qui sont dotés de l’ouïe ont des difficultés à coordonner leur geste, à avoir un visage suffisamment expressif ou encore à comprendre la logique de la langue. Mais il semblerait que pour Sander, l’apprentissage de la langue des signes soit facile. Un air quelque peu surpris se peint le visage de la belle métisse. Puis son camarade se met à signer. Elle l’observe, silencieuse, tandis qu’il lui explique savoir plein de mots. Plein ? Sûrement suffisamment pour pouvoir communiquer un minimum avec elle, quelques signes rudimentaires. Un léger rictus étire la commissure de ses lèvres, quand il reprend la parole. Il dit savoir des phrases banales. Elle l’observe signer, remarquant qu’il le fait avec une grande application. Ses yeux se posent sur les lèvres du beau brun, il lui adresse quelques mots. Un éclat de rire qu’elle ne parvient pas à entendre s’échappe de sa bouche. Il évoque sa maîtrise de lever de sourcil. Elle hoche hâtivement la tête et lui adresse quelques signes, pour lui signifier qu’en effet, il le maîtrise très bien. « J’imagine que tu dois avoir plein de questions à me poser, maintenant… », qu’elle signe. Les traits de son visage se modelant au fur et à mesure des signes qu’elle lui adresse. En tout cas, si Sander lui pose une question ou deux, ou même plusieurs, elle est prête à lui répondre. Son regard croise le sien, alors qu’elle l’encourage à lui poser une question. Sander lui confie adorer apprendre et qu’il sera bientôt le meilleur. Elle pousse un soupir et lève les yeux au ciel. «  Tu ne seras jamais meilleur que moi », qu’elle lui signe. Un sourire amusé se peignant sur son beau visage. Elle le taquine et le provoque quelque peu, de façon bonne enfant. Sander lui demande d’attendre. Elle est curieux de savoir ce qu’il veut lui dire et ce qu’il va faire. Elle ne le quitte pas du regard, guettant une réaction, un geste, un mot de sa part. Elle est magnifique, qu’il lui signe. Un large sourire s’éprend des lèvres de Dihya. Un petit teint rosé colore ses joues. «  Dit donc, je vais commencer à me demander si tu ne cherches pas à me plaire… », qu’elle lui signe. Puis elle lui lance un regard faussement suspicieux en sa direction, alors que les traits de son visage dessinent un air amusé.

Dihya confirme mes talents dans l'art du lever de sourcil. Attendez, ce n'est pas donné à tout le monde. Puis elle signe. Hm alors alors, concentre toi. Qu'est ce qu'elle a dit ? J'ai décelé « plein » et « questions ». Réfléchissons, réfléchissons...Ah, probablement que je dois avoir des questions à lui poser à présent. Sur quoi ? Sur la façon de signer ? Sur des phrases ? Des mots ? Sa vie personnelle ? Parce que bon j'en ai tout plein des questions oui, mais j'suis pas certain d'à quoi elle s'attend.  « Comment je m'en sors ? » Celle là aussi je l'ai apprise par cœur. Peut être que je signe très mal et qu'elle peine à me comprendre. Vu que j'ai essentiellement apprit tout seul et avec l'aide d'internet, je n'ai pas eu de retours sur mon niveau.  « Je me demandais...Tes... » J'ai un doute sur le mot.  « Parents ? » Elle me montre, et je refais ma phrase. « Tes parents sont sourds aussi ? » Il s'agit d'une pathologie héréditaire ? Ou alors est-elle la seule avec cet handicap dans sa famille ? Puis je me vante. Je déclare que bientôt je serais le meilleur. Jamais autant qu'elle. Ah oui, vraiment ?  « Challenge accepté. » Bon je blague, parce qu'il va de soit que je ne serais jamais meilleur qu'elle. Elle a eu toute sa vie pour s'entraîner alors même si j'étais l'élève le plus doué qu'il soit je pourrais pas l'égaler.  « Première étape, j'apprends le langage des signes. Deuxième étape, lire sur les lèvres. Et ensuite le monde est à moi. » N'importe quoi. N'empêche j'aimerais bien savoir lire sur les lèvres aussi, ça pourrait être bien utile quand tu veux espionner quelqu'un en douce. Savoir ce qui se dit dans ton dos. Je lui montre alors une des phrases que j'ai apprises. Un petit compliment qui la fait rougir, c'est mignon. Je me concentre alors sur ses mains pour tenter de comprendre. Elle se demande quelque chose, mais je ne sais pas trop quoi. Mais vu les circonstances...Probablement que je la drague.  « Et alors, ça marche ? » que je signe. Le serveur nous ramène alors nos boissons. Une limonade pour mademoiselle, et un coca pour moi. C'est qu'on fait des folies en cette fin d'après midi.

Sander semble maîtriser l’art du lever de sourcil, comme il le dit lui-même, alors elle se dit qu’il doit avoir des questions à lui poser. Plein de questions, elle exagère peut-être ; mais il doit bien y en avoir deux ou trois ou quatre ou plus qui lui traversent l’esprit. Un rictus amusé étire les lèvres de la belle métisse quand il lui demande comment il s’en sort. Elle fait mine de réfléchir, marquant un petit suspens dans sa réponse. « Plutôt pas mal, pour le moment », signe-t-elle. Un rictus franc s’esquisse sur son visage. Puis il lui pose une nouvelle question. Il semble hésiter sur un mot. Il prononce ce dernier, un mot qu’elle croit parvenir à lire sur ses lèvres. Parents. Elle lui signe le mot. Puis il reformule sa question avec ses mains et son faciès. Est-ce que ses parents sont sourds aussi ? Elle dodeline doucement la tête pour signifier une réponse négative. « Mes parents n’ont aucun problème d’audition, ma sœur et mon frère non plus. Je suis la seule. Je suis un peu le vilain petit canard de la fratrie », qu’elle signe. Une différence que ses parents avaient dû mal à accepter, au début, devant les autres. Ils appréhendaient le regard des autres, leur jugement, leur critique… ces mêmes appréhensions que Dihya connait maintenant qu’elle est adulte et qu’elle affronte seule le regard des autres. Puis elle regarde en direction de Sanders, attendant alors la question suivante. Quant au fait de devenir le meilleur, elle émet quelques doutes. Il ne sera définitement pas meilleur qu’elle. Elle arbore un large sourire, quand il accepte le challenge. « Doucement ! », signe-t-elle quand il lui dit que le monde sera à lui. «  Attendons que tu valides déjà la première étape avant ». En tout cas, son camarade ne semble pas en démordre. Il signe une nouvelle phrase. Phrase qu’il a sûrement apprise. Sur le ton de la plaisanterie, elle lui demande s’il ne cherche pas à lui plaire en faisant ses efforts et en prenant l’initiative d’apprendre la langue des signes. Il lui demande si ça marche. « Humm » s’échappe entre ses lèvres, ne parvenant pas à entendre ce bruit qui sort du fond de sa gorge. « Tu pourrais être en bonne voie… », signe-t-elle.  Puis le serveur intervient, la coupant dans ses gestes. Elle redresse la tête, croisant le regard du jeune homme et lui adressant un geste de la main. Lorsqu’ils sont servis, elle se saisit de son verre et le lève pour trinquer avec son camarade. Une fois que leurs verres s’entrechoquent, elle lui adresse un signe – «  à la tienne » –. Elle boit une gorgée de limonade.

Alors, comment je m'en sors ? J'aurais tendance à dire pas trop mal, mais autant avoir l'avis de l'experte. Mais c'est qu'elle met du temps à répondre, genre elle a besoin de réfléchir et tout. Voyons, t'es obligée de me mettre une bonne note. J'y ai quand même passé de nombreuses heures ces deux dernières semaines. Le tout dans la plus grande discrétion. Finalement le verdict tombe. Plutôt pas mal. Je souris alors, tout fier. C'est que parfois on peut se croire bon dans un truc, avant qu'on te pointe du doigt le fait que t'es complètement nul en vrai. Je la questionne alors sur ses parents. Sont ils atteints de surdité eux aussi ? Je suppose que cela serait plus simple pour elle si elle n'était pas la seule dans sa famille à souffrir de ça. Hm par contre là elle me fait une longue réponse, le tout en signe. Bon, ses parents ne sont pas sourds, ça je l'ai compris immédiatement par son hochement de tête négatif. Le reste...Je saisis juste le mot « seule ». Du coup j'en déduis qu'elle a voulu me dire qu'elle est l'unique dans la famille. Je signe à mon tour, en mimant juste « soeur » et « frère », le tout avec un haussement de sourcil interrogateur, pour en connaître la signification.  « Je sais que je suis naturellement doué mais bon n'oublies pas que ça fait que deux semaines que j'apprends. » Je n'en suis pas encore à faire une conversation entière rien qu'en signant.  « Toi...te sentir...seule ?» J'imagine que ça n'a pas dû être facile d'être entourée que d'entendants. Puis elle me demande si je serais pas en train de la draguer, ou quelque chose d'approchant. Et alors, si c'était le cas, est ce que ça fonctionnerait ? Le suspens est à son comble. Je suis pendue à ses lèvres – ou non, plutôt à ses mains. C'est sur le bon chemin. Je prends une mine super ravie, et le poing fermé, d'un geste du bras, je montre mon enthousiasme de façon exagérée. « Yeah ! » Comme si mon plan fonctionnait à merveille.  « Prends ça @Devan ! » Je suis con je sais. Puis on est interrompu par le serveur qui vient nous apporter notre commande. Elle veut trinquer, alors je lève mon verre avec elle, et j'imite son signe, qui je suppose est l'équivalent de tchin, puis je bois une gorgée. C'est alors que je vois deux filles, à une table non loin de nous, glousser en nous regardant. Un comportement que je connais très bien.  « Je crois qu'on commence à être reconnus. » que je dis en montrant les demoiselles d'un regard. C'est que maintenant nos têtes passent à la télé de manière quotidienne.

Sander lui pose une première question concernant son handicap. Est-ce que ses parents sont aussi sourds ? Non. Ils ont une ouïe intacte, tout comme sa sœur et son frère, qu’elle lui explique. Ces deux derniers signes sont répétés par son camarade, qui semble demander leur signification. « Oh », s’exclame-t-elle. Elle tente de se remémorer comment elle doit prononcer ces deux mots, comme elle l’a appris avec son orthophoniste. Elle signe le premier mot, « sister », tente-t-elle de prononcer, guettant une réaction de sa part – au cas où il n’est pas compris le mot articulé par la métisse – puis le second signe, « frère ». Un air amusé se peint sur ses lèvres de Dihya, quand il prétend être naturellement doué. Elle attrape la serviette pour y écrire quelques mots. « Et naturellement crâneur? ». Elle le taquine avec ces quelques mots qu’elle lui adresse et il le comprendra à cet air qui se peint sur son faciès, même si elle le pense tout de même. Cela dit, il n’a pas tord, cela ne fait que deux semaines qu’il a commencé son apprentissage. Nouvelle question. Se sent-elle seule ? Elle signe comme pour affirmer. Puis elle entreprend une réponse manuscrite. « Enfin je ne sais pas vraiment si c’est de la solitude que je ressens. Quand j’étais adolescente, à l’époque du collège, définitivement oui. La grande majorité des enfants me rejetait, se moquait de moi et me renvoyait ce que j’étais à leurs yeux. A vrai dire, le plus dur, ce n’est pas d’être seule, mais c’est de devoir affronter le regard des autres. Ces autres qui te perçoivent comme différent, comme étrange, comme… handicapé. » Elle pousse légèrement la serviette en sa direction. Sander doit aussi l’affronter ce regard, maintenant. Il peut d’une certaine manière peut-être comprendre. Quant au fait qu’il chercherait à lui plaire, elle lui dit que cela pourrait marcher… enfin si elle n’émettrait pas quelques doutes le concernant. Son camarade affiche un air fier et ravi… elle lui adresse un signe, comme pour lui signifier « oh doucement… ». Elle plisse légèrement les yeux, quand il parle de Devan. « Tu as quand même un long chemin à faire pour y parvenir. Je ne suis pas sûre que tu y arrives. Tu as un pari perdu à faire oublier, déjà. », qu’elle ne manque pas de lui rappeler. Puis ils sont interrompus par la venue du serveur. Après avoir trinqué, Sander lui fait une remarque. Ils commencent à être reconnus. Elle suit son regard, observant discrètement au-dessus de son épaule. « Ca va, je crois que tu dois savoir à peu près bien gérer la notoriété, non ? », qu’elle lui demande par écrit, dans un ton taquin.

Dihya décide de prononcer les deux mots à l'oral. Sœur et frère, d'accord.  « Toi...un frère, une sœur ? Quel âge ? » Sont-ils plus jeunes, plus vieux qu'elle ? En tout cas voilà deux mots de plus à mon actif. Je souris amusé lorsqu'elle me traite de crâneur.  « Simplement réaliste. » Que voulez vous, je suis conscient de l'étendu de mes talents, en toute objectivité. J'attends ensuite qu'elle finisse d'écrire sa réponse. Forcément communiquer de cette façon, y'a des latences. Comme quoi, apprendre le langage des signes est une bonne chose. A terme, cela permettra d'avoir une conversation bien plus fluide. Dire qu'elle doit faire ça tout le temps avec tout le monde.   Il semblerait qu'elle ait eu une enfance difficile. Les adolescents se moquant d'elle. Marquant sa différence. Ce n'est pas chose aisé d'affronter le regard des autres. De se renvoyer constamment l'image d'une handicapé. De mon côté, je n'ai pas eu à subir les moqueries dans mon enfance. A l'époque, j'étais un petit garçon aux caractéristiques physiques tout ce qu'il y'a de plus normal. En revanche, aujourd'hui, je peux tout à fait comprendre ce qu'elle veut dire par affronter le regard des autres. D'autant plus que mon handicap est bien plus flagrant que le sien, alors ne serait ce que me balader à la piscine ou à la plage, et j'aurais le droit au regard en coin de plein de gens. « Je comprends. Avant, j'avais l'habitude qu'on me perçoive comme ce sportif super canon... » J'ai fais exprès de rajouter super canon pour coller au personnage de crâneur, adjectif dont elle m'a affublé tout à l'heure.  « Maintenant la première chose qu'ils voient, c'est un infirme. J'ai l'impression de n'être réduit qu'à ça désormais. Comme si toute ma vie à présent se résumait au fait que je n'ai plus qu'une jambe. » Alors que j'espère bien être un peu plus que ça.  « Tu n'étais pas dans une école spécialisée ? » A la lire, j'ai l'impression que du coup elle était mélangée avec des collégiens dits « normaux ». Forcément cela à dû être d'autant plus compliqué si elle n'était pas dans une structure adaptée. Elle a dû demander une attention plus particulière, ce qui devait la démarquer d'autant plus.  Je m’excite ensuite de manière complètement exagérée, sur le fait que je puisse réussir à lui plaire. Elle plisse les yeux quand j'évoque Devan, ouais ouais c'est ça fait l'innocente. Puis elle me renvoie dans mes cordes, déclarant que c'était loin d'être fait.  « Ah la rabat-joie, laisse moi avec mes douces illusions veux tu » Et un pari à faire oublier, n'importe quoi. C'est plutôt elle qui devrait me le faire oublier d'ailleurs pour avoir parié contre moi. C'est alors que je perçois du mouvement à côté, lié à notre présence. J'ai comme le sentiment qu'on est repéré.  « Je savais. » Gérer la notoriété. Au passé. Depuis mon handicap, je peux vous dire que je l'ai assez mal vécu la notoriété. J'ai pu faire quelques dérapages auprès du public comme de la presse.

Il la questionne sur l’âge de sa sœur et de son frère. « Ma sœur, vingt-cinq ; et mon frère, douze », signe-t-elle avec les deux mots-signes « sœur » et « frère » et les nombres. Concernant l’aspect prétentieux de son camarade, ce dernier se déclare être simplement réaliste. Elle lève doucement les yeux, et dodelinant de la tête. Il ne le reconnaîtra pas, voire jamais. Elle devra composer avec la vantardise du beau brun. Ils viennent à évoquer par la suite la différence de la belle métisse. Elle écrit sur la serviette sa réponse ou plutôt sa confidence. Il est le premier avec qui elle se permet d’évoquer la façon dont elle vit dans le regard des autres. Le premier à qui elle confie des pans de son intimité. Il devrait comprendre ou en partie comprendre. Cette différence nait du regard des autres. La différence, l’handicap, ce sont le regard des autres qui les créent. Sander dit comprendre. Elle porte son attention sur ses lèvres qui articulent quelques mots. Il dit comprendre. Un fin rictus s’éprend de la commissure de ses lèvres. Elle dessine une petit moue quand il se qualifie de « super canon ». Certes, Sander est un bel homme, qui doit en avoir conscience. Elle trouve qu’il exagère avec son « super ». Elle se concentre de nouveau pour lire sur ses lèvres, il a l’impression de n’être réduit qu’à son infirmité. « Pourtant on n’est bien plus que cette différence qu’ils nous renvoient… », écrit-elle, repoussant de nouveau la serviette vers son camarade. Son regard croise le sien. Un silence s’installe entre eux, alors que le norvégien reprend la parole. Avec ses mains, elle signe quelque chose comme pour nier. « A vrai dire, je n’ai dû faire que quelques mois en collège, puis après école à domicile tout en continuant le suivi avec des spécialistes », qu’elle couche sur le papier. Quant au fait de chercher à lui plaire, Sander semble fier, très fier, d’y parvenir. Il ne manque pas de faire une remarque concernant Devan, à cet égard. Elle ne tarde pas à le calmer, lui faisant remarquer qu’il a quand même encore un long chemin pour y parvenir. Il la qualifie de rabat-joie. Elle fronce légèrement les sourcils, quand il lui dit de le laisser avec ses douces illusions. « Attends… », signe-t-elle. « …parce que tu le veux vraiment ? ». Elle pose son regard en sa direction, comme pour le sonder et tenter de déceler les intentions du jeune homme. Ce dernier évoque le fait qu’ils sont reconnus, lui signifiant la présence de jeunes femmes qui les ont remarqués. Il savait, dit-il. Dihya reste silencieuse, ayant conscience du poids de ces deux mots qu’il a prononcé. Elle n’a pas envie qu’il ressasse un pan de vie, en sa compagnie. « Enfin, j’imagine que si elles viennent nous voir, tu vas leur dire qu’elles sont magnifiques à elles aussi ? ».