Quand tu travailles dans la mode, tu te retrouves bombardé en permanence d’images de jolies filles trop maigres, aux jambes interminables et aux clavicules saillantes. Cette avalanche de visages symétriques et de seins rebondis subis de manière quotidienne désensibilise en quelque sorte les créateurs ou patrons de grandes marques à la beauté d’une nana comme Tara. Elle est magnifique, ses courbes feraient rêvées n’importe quel homme, mais le milieu tente encore trop souvent de dégager ce genre de modèles au profit des profiles plus longilignes. Et malheureusement, même quand une jolie fille dans son genre parvient à se faire un nom, elle se retrouve la plupart du temps cataloguée entant que la mannequin grande taille du moment et utilisée entant que tel par les publicistes voulant donner une certaine image à leur enseigne. Le fait est que Cesare a toujours porté dans son cœur les outsiders. Les personnes qui ne sont théoriquement pas taillées pour le rôle, mais qui pourtant finissent par fister bien comme il faut l’industrie en s’y imposant. La candidate débarque sur le set avec un sourire mignon comme tout et une bonne humeur toujours appréciable, même s’il ne le lui rend peut-être pas correctement. Cesare, il n’a jamais été reconnu pour son empathie et sa personnalité agréable. Loin de là. Il lui sert la main en retour et se contente de lui désigner la flotte où doit se dérouler son shooting. Les premiers clichés leur permettent de faire un point sur la lumière et les nouveaux réglages qui s’imposent face par rapport à l’avancement de la journée. « Ah ouais ? » il marmonne d’une voix assez peu intéressée par ce qu’elle raconte en attendant qu’ils reprennent, à la limite de la rembaré parce qu'il se concentre sur son écran de contrôle. Il n’a jamais pu blairer les enfants, alors ses histoires d’élèves, il n’en a vraiment rien à branler. Tara profite de ce petit instant de répit pour aller récupérer des chaussures à talons. Il la suit dans son idée, curieux de voir ce qu’elle va proposer. « Non, ça ne fonctionne pas. » il la recadre pour lui faire comprendre que la direction qu’elle prend de le satisfait pas. Prendre des initiatives c’est une très bonne idée, mais pas de cette manière. La piscine et le dispositif actuel du shooting ne leur permet pas de profiter convenablement de ce qu’elle propose. Elle réagit bien, il l’encourage, essayant de l’orienter et de répondre aux questions qu’elle se pose pour que ça lui serve dans sa manière de travailler. Il acquiesce quand elle lui demande si elle devrait jouer avec l’objectif afin de voir ce que ça donne, mais elle manque encore d’expérience pour que ce soit parfait. La séance continue et il intervient régulièrement pour lui signaler ce qui ne fonctionne pas, la reprend en espérant lui faire sortir de ses tripes un bon cliché, jusqu’à ce qu’elle demande par elle-même une pause. Il acquiesce s’arrête et lui octroie un moment pour se remettre les pensées en place avant la dernière cartouche. « Ce n’était pas si mal, mais tu peux certainement mieux faire. Aie confiance en toi, en ton corps et ne réfléchis pas autant à ce que tu fais. »
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