Comment s’occuper en plein milieu de la soirée lorsque tout le monde semble accaparé ailleurs ? Cette question me trotte dans la tête depuis un moment, depuis que j’ai terminé de relire It de Stephen King pour la deuxième fois. Il faut au moins deux, si ce n’est trois, lectures pour saisir l’intégralité des détails du bouquin. Le roman est tellement vaste qu’on arrive très facilement à passer à côté d’éléments ayant l’air sans importance alors qu’ils enrichissent le propos. Plutôt que d’attaquer l’un des très (trop) nombreux romans que j’ai en attente sur ma liste de bouquins à découvrir, je décide finalement d’attraper mon maillot pour me rendre à la piscine. Une bouteille de champagne à la main, histoire de se la jouer stéréotype complet. J’ai prévu un bain de minuit et je suis pile à l’heure. Parfait, encore plus parfait lorsqu’après avoir barboté pendant quelques minutes, j’aperçois au loin Sander qui traverse les extérieurs, surement prêt à rejoindre la villa. « EH DAMOISEAU ! » J’hurle histoire qu’il comprenne que je m’adresse à lui avec cet horrible accent de banlieusard français. « T’es charmant, ça te dirais une glace à la menthe ? » Je vais peut-être trop loin pour ses bases de français, surtout en citant du Fatal Bazooka que je n’aurais jamais découvert sans deux élèves français quelques années en arrière. « Une coupe de champagne et un bain de minuit, ça te dis ? » Ais-je précisé qu’il n’avait pas le droit de dire non ? Je ne l’ai pas fait ? Vous le savez maintenant.

Je viens de faire un petit tour en ville. Je traverse le jardin pour rejoindre la villa lorsque j'entends une voix qui semblerait m'interpeller. Je tourne la tête pour constater que cela vient de la piscine, Tara y barbote à cette heure tardive. Je ne comprends pas ce qu'elle me raconte vu qu'elle s'adresse à moi en français. En Norvège on apprend l'anglais depuis la maternelle, alors je le parle couramment sans problèmes. En revanche, l'autre langue étrangère que j'ai appris à l'école, c'est l'allemand et un peu d'espagnol. Alors mes bases en français sont assez limitées. Je connais juste quelques phrases ou expressions de par mes rencontres mais ça s'arrête là. Je fais alors quelques pas vers elle, pour me rapprocher.  « god kveld » Autant beaucoup de personnes connaissent un peu de français, a minima quelques mots, autant rares sont les gens qui connaissent ne serait ce qu'un seul mot en norvégien. A moins d'être issu du coin, de la suède, du danemark, par là.  « Charmant ? » Qui sonne beaucoup avec charming en anglais.  « Tu me traites de beau gosse ? » que je demande amusé. Elle me propose alors une coupe de champagne et un bain de minuit.  « Je ne bois pas d'alcool. » Donc cela sera un premier refus. Je ne bois pas d'alcool, mais j'ai pourtant un tatouage qui dit « when in hell, we do shot at the bar ».  « Quant à me baigner, ma foi pourquoi pas. Je n'ai pas de maillot de bain en revanche. » Ce qui ne devrait pas être un problème.  « Mais tu sais que les bains de minuit normalement c'est à poil ? » que je demande dans un petit sourire. Je dis ça, je dis rien.

Barboter en solitaire, c’est sympathique. Tu n’as personne pour venir t’embêter, tu peux faire ce que tu veux et même savourer cette incroyable bouteille de champagne au prix exorbitant. Une dinguerie pour laquelle je ne craquerais pour rien au monde si ce n’était pas la production qui avait mis à notre disposition autant de bouteilles de qualité. La solitude ça ne me plait jamais bien longtemps, j’ai tôt fait de me sentir isolée et de rechercher la présence de quelqu’un d’autre. Il est assez amusant de constater que ce trait de caractère est exacerbé par cette aventure. Cette forme d’isolement imposée par la production en nous regroupant les uns avec les autres sous le même toit en quasi-permanence m’a fait prendre conscience que sans mes proches je ne suis pas grand-chose. Puisqu’ils ne sont pas là pour partager l’expérience à mes côtés, je me repose sur ces candidats avec qui j’ai déjà noué quelques liens. @Sander est l’un d’entre eux, il a un caractère complexe, un passé qui a laissé des traces aussi bien physiquement que psychologiquement et c’est ce qui le rend si fascinant… Si complet. Je ne puis rêver meilleur partenaire pour un bain de minuit, même s’il me rend la monnaie de ma pièce en utilisant le norvégien pour me répondre. Est pris qui croyait prendre. Le langage peut néanmoins s’avérer universel, la preuve avec ce simple mot, charmant, qu’il ne tarde pas à reconnaitre et avec lequel il s’amuse, faisant au passage s’étirer mes lèvres en un sourire mutin. « Traiter je ne sais pas… C’est plutôt péjoratif pour moi, de traiter quelqu’un. » Je me rapproche du bord de la piscine pour y déposer le menton. « Constater cela dit… Oui… » Il le sait qu’il est mignon de toute manière, je ne dois pas être la première à le remarquer. Puisqu’il est là, autant qu’il en profite pour partager une coupe de champagne à mes côtés, sauf que… Non, c’est raté. Je fronce les sourcils et remarque, perplexe. « Attends… » Je remercie les heures passées à soulever des poids à la salle et qui me permettent de me hisser sans avoir l’air d’un cachalot sur le rebord de la piscine. Je me redresse, complètement trempée, et m’approche du beau gosse pour lui soulever le t-shirt de mes doigts mouillés. Mes doigts effleurent sa peau et s’arrêtent sur un tatouage bien spécifique, juste en dessous de son pec. « Et ça alors ? C’est une publicité mensongère ? Tu ne me rejoindras pas pour un barbuc’ en enfer ? » Choquée déçue par cette trahison inattendue. Il n’est pas contre un bain de minuit cela dit, tant mieux, il remonte un chouilla dans mon estime. Il parvient même à me faire rire, un rire franc. « Normalement ? Qu’est-ce que tu attends alors ? » Je me mordille la lèvre en le détaillant de la tête aux pieds et me retourne pour rejoindre l’eau bouillante de la piscine. J’ignore si elle me parait bouillante à cause de la température extérieure ou si elle est vraiment aussi chaude.

M'aurait elle traité de charmant ? Non pas traiter, car c'est péjoratif, en revanche, constater de ses yeux, oui. Je passe une main dans mes cheveux en mode beau gosse pour accompagner le tout. Tout compliment est bon à prendre. Puis lorsque je déclare de pas boire d'alcool, elle fronce les sourcils, perplexe. Quoi, c'est si surprenant que ça qu'un grand gaillard comme moi dise non à l'alcool ? Voilà même qu'elle m'intime d'attendre. Je la regarde alors sortir du bassin – aisément. Que fait-elle ? Elle soulève alors mon tshirt, mais dites donc, on se fait plaisir la coquine. Un petit frisson parcourt mon corps lorsqu'elle me touche la peau de ses doigts mouillés. Et puis je comprends finalement ce qu'elle trafique. Elle fait référence à mon tatouage. Ah oui c'est vrai. C'est qu'elle a l'oeil.  « Justement. Je n'ai pas envie d'y retourner en enfer...Même pas pour tes beaux yeux, désolé. » Quand j'ai annoncé ne pas boire d'alcool, la tournure plus juste aurait probablement été « je ne bois plus d'alcool. » Car fut un temps où je me noyais dedans. Mais si je ne boirais pas de champagne en sa compagnie, en revanche je suis pas contre me baigner. Par contre je suis désolé, mais aux dernières nouvelles un bain de minuit, bah ça se prend tout nu. Or, si je ne m'abuse, elle porte un maillot de bain. Éclatant de rire, voilà qu'elle me demande ce que j'attends alors. Cela me paraît évident pourtant. Mes yeux se posent sur sa silhouette qui retrouve l'eau.  « Que tu t'exécutes aussi. Tous les participants doivent jouer le jeu. Sinon il y'a un déséquilibre tu comprends. Mais allez je me lance... » J'entreprends d'enlever mon tshirt en mode sensuel, en fredonnant du joe cocker. Mode strip-tease on. Hop, il vole un peu plus loin. Suivi par mes chaussures, puis mon short. Je suis con je sais. Puis je me retourne pour être dos à elle, et fait glisser légèrement le boxer, tout en remuant le popotin, dévoilant un bout de fesse, et par la même occasion, de tatouage. Tatouage dont on avait déjà parlé. Je joue avec l'élastique du boxer, j'hésite, j'hésite, et puis nop, hop, je le remonte. Je me remets face à elle et souris.  « Si tu veux voir la suite, faudra donner du tiens. » J'entreprends finalement d'ôter ma prothèse, qui est une opération carrément moins sexy qu'il y'a 30 secondes. Une fois le tout posé au sol, je m'empresse de sauter dans l'eau. Ma tête refait surface non loin de Tara.

Je compte bien profiter de ma soirée comme il se doit, surtout quand tu dispose d’un cadre comme celui-ci. Une piscine formidable, une bouteille de champagne hors de prix et une température relativement agréable. Il faudrait être sacrément difficile pour ne pas apprécier d’être ici, encore plus lorsque Sander s’apprête à me rejoindre et à faire disparaitre le seul point négatif à ce cadre idyllique : la solitude. Il est, comme toujours, surprenant et me pousse à flirter avec le danger que pourrait représenter une brise nocturne sur ma santé en le rejoignant pour mettre en évidence un élément essentiel à mes yeux : le tatouage qui fait l’apologie à l’alcool et à l’enfer. Je plaisante toujours en confessant que j’aurais probablement davantage ma place aux côtés de Lucifer, question d’ambiance… Faudrait-il encore croire à ce genre de choses, je suis bien trop réaliste pour cela, peu intéressée par la religion en général. J’ai déjà tout le mal du monde à croire en moi, alors en un testament dans son intégralité, basé sur des choses que l’on ne peut pas prouver scientifiquement… C’est beaucoup trop m’en demander. Sa remarque me fait tiquer, je me mordille la lèvre nerveusement et recule d’un pas. « Tu as raison… Laisse moi me sacrifier et accaparer Satan pour que tu puisses accéder au Paradis. » Tentative maladroite d’éviter de lui parler de trucs qui le feront revenir sur les pires moments de sa vie tout en évitant un silence gênant. « Il y aura plus de champagne pour moi. » Toujours plus. Je m’éloigne en lui tirant la langue alors qu’il se fait une joie de me rappeler les règles d’un véritable bain de minuit. La nudité, élément essentiel à cet exercice. Pourquoi ne montrerait-il pas l’exemple ? Lui qui n’a pas prévu le moindre maillot de bain. « La vie n’est-elle pas faite de déséquilibres justement ? » Mais moi je dis ça, je ne dis rien bien entendu. Je le regarde se la jouer Magic Mike et force le trait en mimant l’excitation maximale, à la limite du cri prépubère. Les billets imaginaires volent dans tous les sens. Il se retourne et commence à faire glisser son boxer le long de ses fesses musclées. Difficile de garder la tête froide, il a un beau tatouage que j’ai enfin l’occasion de découvrir. « EHHHH !’ » Je grogne d’indignation alors qu’il remonte son boxer, il trahi la cliente fidèle que je suis. « Donnant donnant, c’est ça ? » Je le regarde retirer sa prothèse et hésite à lui proposer mon aide, peut-être parce que c’est le genre de propositions qui agacent comme jamais quand tu as un handicap, comme si tu ne pouvais pas te débrouiller tout seul. Il plonge et remonte à la surface, m’offrant une fenêtre d’attaque suffisamment large pour pouvoir l’attaquer et l’éclabousser. « Toujours les femmes qui montrent l’exemple ! » Je le regarde, un sourire en coin, prête à le pousser dans ses retranchements en osant. Ne jamais me défier, ô grand jamais. Je glisse mes doigts le long de la bretelle de mon haut de bikini, l’œil taquin. « Cap ou pas cap ? »

Ce tatouage, c'est un petit reminder de par quoi je suis passé. Et où je n'ai plus envie d'aller. Jamais. Tara finit par comprendre où je veux en venir. S'ensuit un léger malaise, se rendant compte de la portée de mes propos. Et oui, l'alcoolisme est à rajouter à mon lourd bagage passif. Un de plus. Alors elle tente une diversion par l'humour, ce qui me va très bien.  « Pas certain que t’arrive à le distraire très longtemps, mais j'apprécie ton sens du sacrifice. » Je la connais peut être pas encore très bien, mais suffisamment pour me rendre compte que c'est une bonne personne. Donc clairement elle n'aurait rien à faire avec Satan. Il réussirait à s'en débarrasser bien vite.  « Exactement. » que je réponds en souriant lorsqu'elle voit le bon côté de mon abstinence. Plus d'alcool pour elle. Je parle ensuite de bain de minuit, à poil. Sauf que je veux bien me désaper, mais de son côté elle porte un maillot de bain, ce que je trouve injuste. La vie serait faite de déséquilibre selon elle. Je suis bien placé pour le savoir oui.  « Justement, vous réclamez tout le temps l'égalité, et bien c'est le moment. » Tous au même niveau, à savoir sans vêtements. Mais allez, j'initie le mouvement. Je commence une petite danse sensuelle, mode strip-tease. Je donne de ma personne. De son côté elle joue le jeu, en fille surexcitée – ce qu'elle est réellement hein avouons le – et à me jeter des billets imaginaires. Elle a le temps d'apercevoir un bout de fesses, mais je me recouvre finalement. Pas si vite. J'ai besoin d'un gage de bonne volonté de sa part. Je retire alors ma prothèse et plonge dans l'eau. A peine de retour à la surface qu'elle m'éclabousse, soupirant que c'est toujours aux femmes de montrer l'exemple. Elle joue avec la brettelle de son haut de bikini, un air de défi dans le regard. Allez. Cap ou pas cap ? J'sais pas bien si elle serait prête à aller jusqu'au bout. Mais il y'a une chose que je sais : ce dont moi je suis capable. La nudité n'a jamais été un problème pour moi. Après tout il suffirait qu'elle se pointe dans la salle de bain de manière très matinale, lorsque je prend ma douche pour me découvrir dans le plus simple appareil. Bon ok, je la prends très tôt justement pour éviter de rencontre du monde, mais c'est plus lié à mon handicap qu'à ma nudité.  « Toujouuuuurs cap. » C'est quand même moi qui ait lancé le truc, ça serait con de me défiler. Mais la question c'est est ce que elle l'est ? Allez, je décide de prendre les devants, je me dandine et enlève le boxer. Je le brandis fièrement au dessus de ma tête.  « Tadaaa. » Et il s'en va faire un vol plané sur le rebord. Maintenant reste à savoir si elle va me laisser en plan, et finalement se dégonfler. Elle passerait pour une petite joueuse dans ce cas, une poule mouillée, tant pis pour elle. Je m'amuse même, je fais un petit plongeon dans l'eau, en mode dauphin, ou baleine j'sais pas, mais du coup y'a mes fesses qui ont dépassées quelques instants. Révélant non pas un, mais deux tatouages au final. Un sourire aux lèvres, ma tête ressort de l'eau, pour constater qu'elle n'a pas encore bougé.  « Alors...cap ou pas cap ? »

Si je nierai probablement avoir maté Sander au détour d’un réveil ou d’un coucher dans la chambre que nous partageons tous les deux, il est vrai que j’ai repéré ce tatouage il y a quelques semaines de cela et que je ne parviens pas à m’empêcher de réagir à ce qu’il me dit. S’il ne boit pas d’alcool, pourquoi arborer un tatouage qui, pour résumer cela grossièrement, fait l’apogée des excès en tout genre et de l’enfer. Je n’ai même pas idée d’interpréter cela comme un rappel à l’ordre, la faute à l’heure avancée de cette soirée ? On va dire cela oui. Quitte à ce que cela devienne gênant, autant rebondir le plus rapidement possible pour se sortir d’une conversation qui pourrait à nouveau le mettre mal à l’aise. A croire que je suis uniquement capable de le mettre dans cet état lorsque je passe du temps avec lui. Je propose une diversion afin qu’il puisse échapper au diable et la remarque qu’il formule à ce sujet fait s’étirer mes lèvres en un fin sourire. « Qui sait ? Je suis peut-être Sheitan en personne et tu ne le sais pas. » Je ne suis pas très crédible cela dit, j’ai trop bon fond pour parvenir à me hisser au rang de diablotin. Faire du mal aux autres, ce n’est tout simplement pas dans ma nature, Dieu merci. Monsieur utilise l’émancipation des femmes pour me renvoyer la balle, il a du coffre le petit, j’aime ça. « Vous les hommes… L’égalité est un concept qui vous séduit lorsque vous avez quelque chose à y gagner. » Aurait-il quelque chose à y gagner ? Pas vraiment, j’imagine que me voir à poil ne figure pas parmi ses priorités. Un mec comme Sander doit probablement préférer les filles au gabarit d’une Genesis ou d’une Alia. Des femmes fatales au physique irréprochable. Puisqu’il s’amuse à faire durer le plaisir, j’opte pour cette même carte en le défiant de se dévêtir avant moi, est-il capable d’une telle chose ? Je ne suis pas surprise de constater que la réponse est OUI. Sander abandonne son boxer et se dandine, sautille comme un gosse. Il me laisse apercevoir un fessier qui en ferait saliver plus d’un, tout musclé et suffisamment potelé pour être attirant. Oui, parce que j’aime clairement les mecs qui ont des bonnes fesses, c’est sympa à peloter. M’enfin stop, calme toi Tara et rends-lui la monnaie de sa pièce. « J’ignore si tu es en train d’essayer une danse de la séduction à la sirène mais t’as plutôt l’air d’un cachalot ! » Un très beau cachalot cela dit, qu’il se rassure. « Oh, c’est à mon tour, je suppose ?! » Je lève les mains en l’air pour pouvoir les faire redescendre lentement contre ma chevelure, le long de mon visage, contre ma nuque, ma poitrine… Mes doigts passent sous l’eau et s’arrêtent sur ma culotte que je ne tarde pas à descendre pour mieux pouvoir l’utiliser comme emblème de ma propre réussite. « 100 % cap ! » Pourvu que les images ne soient pas diffusées à la télévision, les parents de mes élèves vont faire une syncope… A moins que les papas soient trop occupés à se palucher pour inonder l’établissement où j’enseigne d’appels. « Puisque tu fais le malin depuis tout à l’heure, Flipper le dauphin… Cap ou pas cap de me retirer mon haut de maillot de bain ? » Objectif ? Lui montrer que nous, les filles, nous osons davantage que les garçons. Who run the world ? Girls !

Qui sait, peut être est elle le diable en personne. Laissez moi en douter. « Tu serais une excellente comédienne alors. » Pour cacher ainsi sa vraie nature. Après c'est toujours possible, on est jamais à l'abri de rien.  En attendant, je veux bien qu'on se la joue en mode vrai bain de minuit, mais par contre, il faut qu'elle donne du sien aussi. Je ne vais pas me balader tout seul à poil dans la piscine – et qu'elle puisse se rincer l’œil tranquille – sans que de son côté,  elle fasse aussi l'effort. Et l'égalité homme/femme tant réclamée dans tout ça ?  « Peut être. » que je me contente de répliquer un sourire aux lèvres en haussant les épaules. Qu'on la réclame quand ça nous arrange. Bien qu'on ne puisse pas vraiment dire que je sois très macho comme mec. On a vu pire. Bref, puisqu'il faut que je montre la voie, alors je me lance. Je retire ce boxer et l'envoie valser au loin sur le sol. Je lui fais même un petit show dévoilant mes fesses. Elle me compare à un cachalot, dites donc !  « Ouais mais le plus beau cachalot que t'ais jamais vu alors. » Bon elle n'a pas du en voir beaucoup en même temps.  « C'est dans la suite logique des choses oui. » que cela soit à son tour. Parce que bon cela serait salaud de se dégonfler au dernier moment. Manquerait plus qu'elle sorte de l'eau, me pique mes fringues et parte en courant, en mode « ciao ! ». J'en connais qui seraient capable d'une telle bassesse. Mais pas elle. Naaan. Je suis des yeux sa main parcourir son corps, avant de disparaître sous l'eau, et ressortir quelques secondes plus tard avec le bas en main. Aaaaah c'est ça qu'on veut. M'enfin ce n'est pas tout à fait fini n'est ce pas ? A la différence de moi, elle a deux bouts de tissu à enlever. Il lui reste encore le haut de son maillot de bain. Vu comme ça, depuis où je me trouve, on pourrait croire qu'elle est toujours en bikini, tranquille. C'est alors qu'elle me lance un nouveau défi...  Si je suis cap de la dévêtir complètement ? Franchement...Demander ça à un mec. J'ai quand même déjà vu plus défi compliqué que dévêtir une fille hein. Bon après certes on est dans un certain contexte. N'importe qui peut arriver. On est filmé. Et tous les hommes ne sont pas forcément très à l'aise avec la nudité, les filles... Mais il s'agit de moi là quand même.  « Je vois, il faut tout faire soit même ici... » que je dis en mode genre pffff ça demande des efforts. Je me rapproche alors d'elle, en nageant la brasse. Je pourrais venir en marchant, mais ça serait à cloche pied, un peu ridicule.  J'arrive à sa hauteur et je repose le pied au sol. Je passe une main sur le haut de sa poitrine, au niveau de la bretelle. C'est qu'il y'a du monde au balcon. J'effleure sa poitrine du bout des doigts, descendant, jusqu'au creux. Ah mais attendez, non c'est pas par là qu'on détache le haut. Zut alors je me suis trompé. Mais non je n'en profite pas du tout, je n'oserais pas. Je fais alors le tour d'elle, pour me placer face à son dos. Je fais attention tout de même à garder une certaine distance, n'oublions pas quand même qu'il n'y a aucun tissu qui me sépare d'elle. Je ne voudrais pas initier tout contact non désiré. Je déplace alors délicatement sa chevelure sur le côté, pour dévoiler le nœud qui retient le maillot autour de son cou. Je commence d'abord par défaire celui dans le dos. Heureusement ça vient facilement, je n'ai pas a galérer avec des doubles nœuds, le truc bien serré ou quoi. Je retire ensuite la dernière attache, libérant complètement sa poitrine. Toujours derrière elle, je rapproche mon visage de son oreille, pour lui susurrer quelques mots.  « cap ou pas cap... » je laisse un petit suspens. Je travaille mes effets.  « ...de m'embrasser ? » Excusez moi, je suis un homme, je m'emballe. Faut pas jouer avec moi comme ça aussi, c'est dangereux.

On m’a appris dès ma plus tendre enfance à me méfier des autres. Une mauvaise surprise n’est jamais très loin lorsqu’il est question de relations humaines. La naïveté avec laquelle je recevais cette information, plus jeune, a très vite laissé place à l’expérience avec les premiers amoureux, les premières déconvenues amicales. Nombreuses sont les personnes à avoir abusé de ma bonté, de ma gentillesse pour finalement me poignarder en plein dans le dos. J’ai gardé quelques cicatrices, tenté de me forger une carapace, de me montrer plus méfiante mais je suis encore loin d’être arrivée à atteindre cet objectif ultime qui consiste à être capable de me protéger envers et contre tous. Je suis beaucoup trop humaine pour cela, trop faible surement. « Votre masculinité vous perdra ! Les femmes domineront le monde. » Monsieur enrage déjà au milieu de la piscine et se laisse aller à un commentaire sur le féminisme. Les mecs sont féministes que lorsqu’ils ont quelque chose à en tirer de toute manière. « Oh attends ! » Je m’approche, silencieuse, lui intimant de tendre l’oreille pour prêter très attention à ce qui s’apprête à venir. « Rectification… Elles dominent déjà le monde ! » Si si… Demandez à Queen Bey si vous ne me croyez pas ! Je suis beaucoup trop amusée par le spectacle que m’offre Sander pour poursuivre sur cette lancée, il a l’air d’un cachalot, je ne tarde pas à le lui faire remarquer. « Le plus beau ? J’suis pas sûr… T’as une concurrence de folie au niveau des cachalots ! » Comment je le sais ? Parce que je suis une habituée des cachalots voyons… J’ai toujours trouvé Sander très attirant. Il n’a pas à rougir de son physique ni même de son handicap, sa jambe artificielle le rend encore plus sexy si vous voulez mon avis, c’est ce qui lui donne ce petit truc en plus. Il a retenu mon attention dès le premier jour de par sa personnalité. Ce soir, l’ensemble converge et j’ai du mal à rester de marbre. Je joue avec le feu, les flammes sont tellement proches de moi que je peux en sentir l’intensité de la chaleur tout près de ma peau. Je relève partiellement le défi qui vient de m’être lancé en me délestant de la partie inférieure de mon bikini et l’invite à me donner un coup de main pour la suite. Généreuse la fille. Monsieur grogne et m’arrache par la même occasion un rire franc. « Tu veux aller te plaindre à la production ? Dire à quel point je t’exploite ou tu comptes arrêter de parler pour te mettre au travail ?! » Je ne le quitte pas des yeux, mon cœur bat anormalement vite dans ma poitrine, il ne cesse d’accélérer au fur et à mesure que mon camarade se rapproche de moi. Ses doigts effleurent ma peau, ma poitrine et je tapote cette même main pour la faire dévier plus haut sans pour autant le quitter des yeux. « Dis-donc, t’as cru que c’était soirée portes ouvertes ? » Je frissonne, ses doigts contre ma peau ont un effet vraiment agréable sur ma personne. Être aussi proche de quelqu’un m’avait manqué. Garde la tête froide Tara. Il me sauve de mes propres désirs en s’attaquant à mon haut de maillot de bain. Dos à lui, je peux laisser mon regard trahir mes intentions et mes doutes à nouveau. Je me mordille la lèvre nerveusement. Ce dernier morceau de tissu glisse le long de mes bras et je l’envoi valser de l’autre côté de la piscine. Le suspense qu’il insuffle à son prochain défi prête à la confusion, à l’image de mon propre état d’esprit. Je ne sais plus si je joue ou si je chasse. Serait-il devenu ma proie ? Lui que j’observais de loin sans oser imaginer, sans oser en rêver. « Oooooh ! » Je susurre tellement bas que s’il n’était pas là, tout contre moi, il n’aurait probablement rien entendu. « La réponse est évidente… Mais j’ai une autre question pour toi ! » Je me retourne pour pouvoir lui faire face, caresse son visage du bout des doigts. Sa barbe parfaitement entretenue n’est même pas piquante, elle est agréable à toucher. « Crois-tu que j’ai envie de t’embrasser ? » Mes doigts longent son menton et démarrent une chute lente et maitrisée jusque sur l’un de ses pecs. « Alors ? » Je recule pour pouvoir me laisser glisser dans l’eau jusqu’au rebord de la piscine contre lequel je prends appui, à moitié immergée. Ange ou démon ? Il semblerait bien que je sois Sheitan finalement.

Si je compte arrêter de parler et me mettre au travail ? Dites donc, c'est surtout elle qui parle beaucoup.  « Tu me sembles bien pressée que je te déshabille... » C'est qu'elle s'impatienterait presque. Mais ça va, ça va, j'arrive, qu'elle ne s'inquiète pas, je compte bien me mettre à exécution. Je ne compte pas me défiler sur un tel défi. Quelle image cela donnerait de moi ? J'ai une réputation à tenir vous comprenez. Alors je me rapproche d'elle. Mes mains se baladent peut être un peu trop, je suis rappelé à l'ordre. Mouais, je suis convaincu que ça ne la dérangeait pas tant que ça, bien au contraire. Je fais alors le tour d'elle pour lui retirer le haut de maillot. Puis je lui lance un nouveau cap ou pas cap. Plus osé. M'embrasser. Mais ce n'est pas une action à réaliser simplement parce que je la met au défi. Sinon ça serait en profiter. Faut qu'elle en ait envie. Justement, là est toute la question. Elle laisse sa main caresser mon visage, avant de descendre jusqu'à mon torse, avant de m'interroger justement sur ses désirs. Et se reculer au bord de la piscine. Comme si finalement, je me crois un peu trop beau, et je prends mes désirs pour des réalités. Peut être que j'interprète mal les signaux après tout. Qu'elle n'est pas du tout intéressée par ma personne et que tout ceci n'est qu'un jeu, et uniquement un jeu. Mais j'ai tendance à croire qu'il y'a plus derrière ça...Généralement je suis plutôt doué pour déceler si je plais à une fille ou non. Je me rapproche d'elle, tout près, et passe mes mains de part et d'autre de sa tête, sur le rebord.  « Je ne te l'aurais pas demandé si je ne le pensais pas. » Donc oui, je crois qu'elle en a envie, même si elle ne veut pas l'avouer. Je plonge mon regard dans le sien. « Alors ? » que je lui demande, de la même façon qu'elle tout à l'heure. Je me trompe ?

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