« Pressée ? C’est parce que le temps c’est de l’argent, mon bon monsieur ! » J’ai plutôt hâte de pouvoir me remettre en mouvement, il fait peut-être bon dehors, mais avec le corps complètement trempé il fait nettement plus frais en ressenti. Une petite brise de vent s’est levée et elle me fait frissonner, un bon moyen de masquer l’effet qu’a le garçon sur mon petit corps bien trop tendu pour être totalement naturel. Je suis immobile, aux aguets, tourmentée par les doigts de mon camarade sur ma peau brûlante. Paradoxal n’est-ce pas ? J’ai froid alors que ma peau pourrait servir à faire fondre n’importe quel amas de glace. La dernière pièce de mon bikini quitte le bassin dans un lancer digne d’un basketteur professionnel. Je me livre tout entière à lui, une Tara dans sa version la plus dénudée… Dans tous les sens du terme. Il soutien mon regard et je peine à ne pas détourner les yeux. Je n’ai pas peur de l’affronter, je suis juste angoissée à l’idée que mes yeux me trahissent… Qu’il soit capable de comprendre, de me déchiffrer et de rassembler les pièces du puzzle. De tous les candidats, il est probablement le garçon qui a le plus retenu mon attention. Il a quelque chose de différent, il est différent. Il a une profondeur plaisante, loin de tous les clichés du milieu de la mode, il n’est pas superficiel et ça me plait beaucoup. Il est vrai. Je prends la fuite alors qu’il me propose un challenge flirtant avec les limites à ne pas dépasser au risque de se mettre à découvert. Je m’éloigne pour pouvoir reprendre mon souffle et espérer que l’eau dans laquelle je m’enfonce me rafraichisse les idées. Tentative soldée par un échec cuisant. Il m’encercle, ses mains de part et d’autre, son visage si proche. Je peux sentir son souffle s’écraser contre ma peau, son cœur battre tout près. J’ai tellement envie d’opter pour la déraison. « Je retire ce que j’ai dit tout à l’heure. Je ne suis pas Sheitan… Tu l’es ! » Je me mordille la lèvre, me redresse pour pouvoir réduire la différence flagrante de taille entre nous deux. L’une de mes mains remonte le long de son bras, effleure sa nuque, caresse ses cheveux mouillés. « Dieu sait à quel point j’en ai envie ! » Je me mordille la lèvre, laisse mes doigts poursuivre leur exploration contre sa mâchoire, sa barbe si bien taillée. Je me rapproche, un peu, beaucoup, passionnément… A quelques millimètres de ses lèvres que je meurs d’envie d’emprisonner contre les miennes. « Il faudra le mériter cependant ! » Je dévie au dernier moment pour lui glisser un baiser plein de promesses sur le coin des lèvres. Je suffoque, pourvu que je tienne bon quelques minutes supplémentaires. « Bonne nuit beau gosse ! » Mon corps tout entier respire la frustration, au même titre que mon être qui se morfond d’une si belle occasion manquée. Ce serait beaucoup trop facile de m’offrir à lui de la sorte, ce n’est que partie remise. Je puise sur la force de mes bras pour me hisser le long du bassin, mon corps tout entier effleure sa peau, pour la première fois je me dévoile, l’eau ne protège plus mon corps, ne laisse plus aucune place à l’imagination. Je me redresse et récupère ma serviette. Un dernier regard à un Sander que j’ai tout le mal du monde à abandonner ici et me voilà prête à m’enfuir. Run… Save your soul.