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C’est au tour de la petite blonde qu’il avait repéré plus tôt sur le bord de la piscine. Elle se présente, il esquisse un vague sourire moqueur. « Barbie ? » Merde. Cesare, il espère surtout que c’est un surnom, autrement ses parents se sont bien foutus de sa gueule au moment de sa naissance. Encore une chance qu’elle soit mignonne, bien qu’il se sente tout de même légèrement floué sur les mensurations de la demoiselle. Il est où le tour de poitrine de 95 cm promis par la poupée en plastique ? Mais ça, on s’en fout. Parce que lui, il sait exactement ce qu’il veut faire avec elle et a une vision tout de suite plus arrêtée de son cliché idéal qu’avec d’autres candidats où il attendait de se laisser surprendre. Elle a la tronche idéale pour matcher avec son univers, un peu juvénile, un peu genre je ne sais pas ce que glande, mais j’essaye. Barbie, elle a tout de la Lolita auprès de laquelle tu n’as aucune idée de comment tu dois te placer. Le genre à qui tu te sens obligé de demander l’âge avant de leur payer un vesse et qui t’allume pour s’amuser. Mais juste pour s’amuser, sans jamais vraiment capter la mesure de leurs gestes. Les premiers essais ne lui conviennent pas. C’est trop adulte, trop mature, trop sérieux, alors que Cesare, il avait expressément réclamé qu’on lui refile des petites lunettes en forme de cœur façon Sue Lyon sur le plateau de Stanley Kubrick. L’équipe s’arrête quelques minutes pour faire un point sur la lumière, avant de reprendre. « C’est mieux. » il lui confirme quand ils reprennent, alors qu’elle se montre un peu plus joueuse. Nouvelle pause et quand il revient vers Barbie pour lui proposer de reprendre, il la surprend entrain de tirer la tronche, visiblement pas tout à fait contente de ne pas être le centre du monde qui occupe toutes les attentions, alors qu’il fait plus souvent les points avec les personnes qui assistent son travail qu’avec elle. Elle se compose un sourire quand il s’approche et lui rend une esquisse un peu moqueuse, acquiesçant quand elle propose de faire des essais dans l’eau. Cesare, en fait, ce qui l’intéresse là tout de suite, c’est de retrouvé sa mine boudeuse, sans doute pas très professionnel, mais assez évocatrice du ton qu’il souhaiterait donner au cliché avec Barbie qui a plutôt l’air d’avoir quatorze ans que l’âge qu’elle doit avoir (pas bien plus en théorie). Mais ça, ce n’est pas un truc qu’on invente, ou disons que le jouer ne sera jamais aussi parfait que le filigrame de réalité qui transparait sur sa gueule quand elle a l’air d’avoir envie de lui balancer ses lunettes à la figure. Alors il la pousse à bout, il l’emmerde volontairement en lui reprochant son manque de concentration, jusqu’à obtenir une photo idéale dont il est pleinement satisfait. « Et bah voilà Barbie, ce n’était pas si compliqué. » il lui balance tout à fait gratuitement juste pour la faire chier. Cesare, c’est un connard. Mais un connard de génie qui a toujours su tirer de cette part de sa personnalité ce qu’il fallait pour obtenir tout ce qu’il voulait. La cure de jouvence est finie, il est temps de passer à un nouveau candidat.